NOUVEL OPUS DE LARRY CLARK, THE SMELL OF US REVISITE COMPLAISAMMENT SES FIXATIONS ADOLESCENTES. UN FILM D’UN INTÉRÊT TOUT RELATIF, DISPONIBLE EN VOD…

The Smell of Us

DE ET AVEC LARRY CLARK. AVEC HUGO BEHAR-THINIÈRES, LUCAS IONESCO, DIANE ROUXEL. 1 H 28. DIST: UNIVERSCINÉ.

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Larry Clark raconte, dans sa note d’intention, avoir eu l’idée de The Smell of Us il y a une vingtaine d’années déjà, alors qu’il était venu présenter Kids, son premier long métrage, en France. Mais là où celui-ci tenait du brûlot saisissant et sulfureux, qu’allait suivre, huit ans plus tard, un Ken Park du même tonneau, les deux films étant d’ailleurs écrits par Harmony Korine, ce nouvel opus n’en apparaît que comme la vaine resucée. C’est peu dire, en effet, que le cinéaste-photographe originaire de Tulsa, Oklahoma, semble, pour le coup, singulièrement à court d’inspiration. Fidèle à ses fixations adolescentes, Clark s’attache cette fois à une jeunesse dorée parisienne tuant son désoeuvrement à grand renfort de défonce -sex, drugs and rock’n’roll, et ce genre de choses, en surmultipliée-, sous le regard voyeur de deux caméras, à celle du réalisateur, caressant les corps amoureusement, s’ajoutant les divers supports, smartphones et autres, utilisés par Toff, l’un des protagonistes du film, ne perdant pas une miette des ébats de ses camarades.

Catalogue un peu rance

Rien de bien neuf sous le soleil, toutefois, et The Smell of Us, s’il est inscrit dans un air du temps hyperconnecté, n’a pour le reste pas grand-chose à dire -le choc des photos sans le poids des mots, pourrait-on résumer en quelque détournement d’un slogan célèbre. S’ouvrant sur les courses de skateurs ayant fait un obstacle d’un clodo aviné avachi sur l’esplanade du Trocadéro (Clark lui-même, le réalisateur apparaissant encore sous les traits d’un client fétichiste léchant les orteils d’un jeune prostitué), le film aligne ensuite avec complaisance les plans plus ou moins provoc, au gré d’un non-scénario tendu vers le néant -ce vide qui aspire inexorablement des adolescents n’ayant d’autre aspiration que de vivre l’instant, au gré de soirées trash où le sexe frénétique le dispute à l’attrait de l’argent facile, etc.

Soit une certaine vision du désarroi et de la misère affective contemporains, au coeur d’un film ressemblant surtout à un fatras de clichés, sous couvert de dénonciation facile de la société de consommation, et autres dérives –« It is adults and their fucking marketing that created all of this »-, juge utile de marteler Clark. Soit, mais la machine tourne à vide, et The Smell of Us tient du catalogue un peu rance des obsessions de son auteur, sentiment culminant dans une scène où Dominique Frot joue les mères abusives implorantes, au confluent du grotesque et du pathétique. Et bien loin, en tout état de cause, de la fulgurance d’un Bully, auquel la présence fugace de Michael Pitt fait lointainement écho; celle, au détour d’un plan, de Laurence Bibot restant en revanche inexpliquée…

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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