Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

INSTALLÉ À BERLIN, LE FRANÇAIS RONE CREUSE UNE MUSIQUE ÉLECTRONIQUE RÊVEUSE, TOUT EN ÉVITANT L’EXERCICE DE STYLE DÉSINCARNÉ. ATMOSPHÈRE, ATMOSPHÈRE…

RONE

« TOHU BOHU »

DISTRIBUÉ PAR WARP.

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Il n’y a pas de hasard dans la vie. Adolescent, Rone, alias Erwan Castex, habite quasi en face du Rex, le club pionnier de la house et de la techno en France. « Je me rendais aux soirées Automatik tous les vendredis. Il y avait un côté moite, un peu oppressant. Mais c’était assez fascinant. » On ne s’étonne donc pas de retrouver quelques années plus tard le Français en train de triturer les machines. Pas forcément dans l’intention de renverser les dancefloors. Les plans électroniques de Rone sont plus rêveurs, par moments à la limite du coton balearic. « Cela n’a pas directement à voir, mais à 17 ans ma mère m’a offert la musique d’Ascenseur pour l’échafaud de Miles Davis. Cela m’a complètement chamboulé. J’ai dû garder le goût de certaines ambiances nocturnes. »

Précision: Parisien, Rone a peu à voir avec la French Touch à la Daft Punk. « Je me suis plongé dans la musique électronique via des gens comme Aphex Twin, Jeff Mills ou Laurent Garnier. » Dès son premier maxi, il pose donc un univers plus proche de la techno planante que de la disco-house filtrée. C’est d’ailleurs Agoria, alias Sébastien Devaud, autre franc-tireur de l’electronica made in France, qui le place sur une de ses compilations avant de le signer sur son label Infiné et de sortir le premier album de Rone, Spanish Breakfast. « Un mois plus tard, il m’a programmé pour un concert. Je n’avais jamais joué live! Moi qui suis un timide maladif, qui me suis débrouillé pendant toute ma scolarité pour ne passer aucune élocution, j’étais terrifié. Encore aujourd’hui, je vomis toujours un quart d’heure avant de monter sur scène. »

Berlin calling

Depuis, Rone a déménagé à Berlin. « A Paris, j’étais bloqué. J’allais tous les jours au studio pour bosser sur de nouveaux morceaux. Mais rien de convaincant ne sortait. J’avais besoin de changer de cadre. Par exemple, en bougeant à Berlin que je connaissais un peu. C’est une ville plus cool, plus relax. Moi qui marche vite, j’ai même dû apprendre à ralentir (rires). Et puis il y a une culture du club qui est beaucoup plus sereine qu’en France où cela tient encore souvent du défouloir. »

Pour le coup, l’atmosphère berlinoise convient en effet mieux aux plages atmosphériques de Tohu Bohu. Une sorte de techno sentimentale, de danse horizontale et impressionniste, qui oublie d’être trop précieuse, à l’image du morceau King of Batoofam, trip faussement linéaire. Paru à l’automne dernier, le disque ressort aujourd’hui chez Warp, augmenté de six inédits. Une séance de rattrapage bienvenue.

EN CONCERT LE 16/08, AU PUKKELPOP.

LAURENT HOEBRECHTS

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