Avec The ROAD, le réalisateur australien John Hillcoat signe une adaptation fidèle du chef-d’ouvre du romancier américain. Récit.

Une adaptation de The Road, chef-d’£uvre du romancier américain Cormac McCarthy, voilà qui était de nature à susciter les spéculations les plus diverses. A quoi le réalisateur australien John Hillcoat a répondu par ce qui était sans doute la seule option possible: s’inscrire résolument dans le sillage de l’auteur, alors qu’il abordait un univers qui ne lui était, du reste, pas inconnu. « Mon premier film, The Proposition , avait été fort influencé par Blood Meridian , le western de McCarthy, notamment par la façon dont le paysage est utilisé comme personnage, nous expliquait-il au lendemain de la projection de The Road à Venise. Après le tournage, j’ai parlé à quelques producteurs de Los Angeles, de mon amour pour ses romans. Nick Wechsler m’a alors fait ce magnifique cadeau de m’offrir un manuscrit de The Road avant même sa publication. Le livre m’a complètement bouleversé parce que, contrairement aux autres romans de Cormac que j’admirais déjà, il avait aussi une composante intime particulièrement émouvante. J’ai compris pourquoi plus tard, en rencontrant McCarthy et son fils: leurs dialogues sont ceux du livre. The Road a une résonance si profonde tellement il est proche de lui. »

Le projet finalisé, débute le travail d’adaptation, confié à Joe Penhall. « Il y a de nombreuses répétitions dans le roman, qui est par ailleurs fort intériorisé: tout se passe dans la tête du père. A quoi s’ajoute que McCarthy fait un usage stupéfiant de la langue. Il fallait trouver le moyen d’interpréter tout cela, en veillant à en garder l’esprit. «  Une véritable gageure – « c’est là que j’ai compris combien un film est quelque chose de physique, où on est témoin de chaque chose, ce qui modifie toute l’équation »-, dans laquelle le cinéaste reçoit le plein soutien du romancier: « Il comprend très bien le medium cinéma, et voit parfaitement combien il s’agit d’un processus différent d’un roman. Il m’a aidé à me débarrasser de mes angoisses, afin que je ne sois pas intimidé par la tâche. »

La différence la plus sensible tient à l’ampleur prise par les flash-backs, fantômes d’un bonheur révolu hantés par Charlize Theron. « Dans le roman aussi, l’homme retourne à ses souvenirs d’avant l’apocalypse. Nous avons accru l’importance des flash-backs parce que le film devait aussi apparaître comme le rappel de ce que nous considérons comme acquis. » Significatif de l’esprit dans lequel ont été apportés ces changements, Cormac McCarthy n’y a rien trouvé à redire: « Il nous a aidés pendant le tournage, tout en veillant à être respectueux, et à ne pas nous mettre la pression », explique John Hillcoat. Quant à l’opinion du maître sur le produit fini? « Nous sommes allés au Nouveau Mexique lui montrer une version pas tout à fait terminée du film afin d’avoir son feedback, et c’était incroyable. Il a aimé, me libérant du poids le plus lourd sur mes épaules. Pour vous donner une idée de sa précision, il m’a dit qu’à ses yeux, rien ne manquait par rapport au roman, à l’exception de 4 répliques, qu’il nous a citées – et il avait raison. »

Jean-François Pluijgers

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