DE THE TREE OF LIFE À 17 FILLES, PANORAMA ÉCLATÉ DES DIFFÉRENTES SECTIONS D’UNE ÉDITION QUI S’ANNONCE PARTICULIÈREMENT RELEVÉE…

COMPÉTITION

Si d’aucuns avaient fait grise mine face à un millésime 2010 (relativement) avare en grands noms, la 64e édition du Festival remet les pendules à l’heure d’une certaine orthodoxie cannoise. Ainsi d’une compétition qui, forte de 19 films à peine, accueille son lot d’anciens palmés (Nanni Moretti avec Habemus Papam, Lars von Trier avec Melancholia et, last but not least, les frères Dardenne avec Le Gamin au vélo) et autres habitués du palmarès (Naomi Kawase, Aki Kaurismäki, Nuri Bilge Ceylan, Pedro Almodovar ou Paolo Sorrentino). Sans oublier ceux à qui l’une ou l’autre distinction semble promise -on pense évidemment au trop rare Terrence Malick et à The Tree of Life, qui consacre son retour sur la Croisette plus de 30 ans après le Prix de la mise en scène des Moissons du ciel.

A côté de ces poids lourds, et autres confirmations attendues, comme la Britannique Lynne Ramsay ou le Roumain Radu Mihaileanu, la sélection réserve diverses surprises: par défaut, tout d’abord, si l’on considère qu’outre Naomi Kawase, l’Asie n’envoie en compétition que le seul Takeshi Miike. Son Hara-Kiri: Death of Samurai s’annonce décoiffant, au même titre d’ailleurs que le Drive de Nicolas Winding Refn, sur un cascadeur hollywoodien -ovni en vue, et double incursion attendue du film de genre dans une compétition qui accueille par ailleurs 2 premiers films. Et que complète, à peu de choses près, une sélection française ne manquant assurément pas de sel, qui réunit le vétéran Alain Cavalier, retrouvant Cannes 18 ans après Libera me, avec l’énigmatique Pater, et l’inédite Maïwenn ( Polisse, qui succède au Bal des actrices), de même qu’un auteur aussi singulier que Bertrand Bonnello ( L’apollonide, souvenirs de la maison close). Pour sûr, Robert DeNiro et son jury ne vont pas s’ennuyer.

UN CERTAIN REGARD

Moins courue, peut-être, que la compétition, la section Un certain regard n’en présente pas moins de sérieux arguments. De l’une à l’autre, les parois sont d’ailleurs poreuses: démonstration, cette année encore, avec la présence des nouveaux films de Gus Van Sant ( Restless, le parcours iniatique de 2 adolescents fascinés par la mort) ou Bruno Dumont ( Hors Satan). A leurs côtés, quelques auteurs cotés (les Guédiguian et autre Eric Khoo), un fort contingent coréen (les nouveaux Hong Sang-soo, Kim Ki-duk et Na Hong-jin), un autre, non moins conséquent, en provenance d’Amérique latine ( Trabalhar cansa des Brésiliens Juliana Rojas et Marco Dutra (photo), Bonsai du Chilien Cristian Jiménez, Miss Bala du Mexicain Gerardo Naranjo), et les retours attendus de Nadine Caramel Labaki, avec Et maintenant, on va où, ou Andreas Dresen, l’auteur de Septième ciel. Pour faire bonne mesure, une coproduction belge, L’exercice de l’état de Pierre Schoeller, avec Olivier Gourmet.

SEMAINE DE LA CRITIQUE

Inaugurée en 1962 par le Syndicat français de la Critique, la Semaine fête, cette année, son 50e anniversaire. Pas de quoi bouleverser les habitudes d’une section parallèle compétitive dévolue prioritairement aux découvertes, et accueillant 1ers et seconds longs métrages -Loach, Wong Kar Wai, Inarritu et Desplechin sont quelques-uns des cinéastes à y avoir fait leurs débuts- de même que de nombreux courts. Au programme 2011, on relèvera la présence de Jeff Nichols, réalisateur du remarquable Shotgun Stories, de retour avec Take Shelter; celle, aussi, de Valérie Donzelli, l’auteure de La Reine des pommes figurant au programme comme réalisatrice ( La Guerre est déclarée, en ouverture) et comme actrice ( Pourquoi tu pleures? de Katia Lewkowicz, en clôture) (photo); celle, encore, de diverses curiosités, comme les 17 filles de Delphine et Muriel Coulin, soit autant d’élèves d’un même lycée décidant de tomber enceintes en même temps. Enfin, côté belge, un court: Dimanches de Valéry Rosier.

QUINZAINE DES RÉALISATEURS

Section parallèle non compétitive, la Quinzaine accueille de jeunes auteurs mais aussi des £uvres de réalisateurs reconnus -Coppola y a présenté Tetro il y a 2 ans, imitant Skolimowski qui lui avait réservé la primeur des Quatre nuits avec Anna 12 mois plus tôt . La 43e édition accueille pour sa part André Téchiné avec Impardonnables (photo), vétéran d’une sélection où l’on retrouve encore Chatrak du Sri-lankais Jayasundara, caméra d’or 2005 avec La Terre abandonnée, ou The Island du Bulgare Kamen Kalev, révélé en 2009 avec Eastern Plays. La Quinzaine, où a débuté l’aventure cannoise des Dardenne avec La Promesse, et où l’on a pu, par la suite, apprécier les films de Joachim Lafosse, Felix Van Groeningen et autre Olivier Masset-Depasse, déroule une nouvelle fois le tapis rouge pour le cinéma belge: on y découvrira, parmi les 21 longs présentés, les nouveaux Abel et Gordon ( La Fée), Bouli Lanners ( Les Géants) et Gust Van Den Berghe ( Blue Bird).

MAIS ENCORE…

Midnight in Paris de Woody Allen, avec Marion Cotillard, Adrien Brody, et Carla B. en ouverture, Les Bien-aimés (photo) de Christophe Honoré, avec Catherine Deneuve, Chiara Mastroianni et Ludivine Sagnier en clôture: le Festival ne pouvait rêver encadrement plus glamour. Présenté hors compétition, La Conquête de Xavier Durringer devrait ramener les festivaliers à la réalité plus prosaïque des années Sarkozy (que l’on n’annonce pas pour autant sur les marches, pas plus qu’il ne figure au générique de Pirates des Caraïbes: la fontaine de jouvence). En sélection officielle toujours, mais côté Cannes Classics, on pointera la reprise du Conformiste de Bertolucci, par ailleurs Palme d’honneur, ou celle de Portrait d’une enfant déchue de Schatzberg, avec Faye Dunaway, qui prête ses traits à l’affiche du Festival. Enfin, à l’autre bout du spectre cannois, l’association Acid pour le cinéma indépendant proposera 9 longs, au rang desquels Le Grand’tour du cinéaste belge Jérôme le Maire.

TEXTE JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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