Sous terre

C’est peu dire que le documentaire est devenu un courant à part entière dans la bande dessinée. Mais il ne suffit pas de traiter d’un bon sujet, encore faut-il pouvoir l’emballer et le rendre sexy. En s’attaquant au souterrain (au sens scientifique s’entend), Mathieu Burniat n’a pas choisi la facilité. La plupart des amateurs de nature préfèrent observer ce qui se passe au-dessus du sol … L’auteur belge nous y fait pourtant plonger avec plaisir, brassant le déchet végétal en putréfaction, côtoyant le mille-pattes, l’araignée et leurs amis les insectes. En nous réduisant à une échelle miniature, il nous enfonce la tête et le corps encore plus profondément à la rencontre des vers de terre, du réseau de mycélium, des bactéries et bientôt des éléments inertes. Il arrive, grâce à son dessin burlesque et à l’utilisation judicieuse des couleurs, à restituer tout un univers minéral fait de roche, d’argile et de sable. Afin d’aiguiser l’intérêt des lecteurs plus sceptiques, il inscrit son propos dans une aventure farfelue. Hadès, dieu des enfers (situé au centre de la terre, comme chacun sait), veut se retirer et doit trouver un remplaçant. Une foule de candidats se presse à l’entretien d’embauche et parmi eux, il y a Suzanne, jeune fille de seize ans qui voudrait retrouver un ami disparu. La sélection se fera par élimination suivant le principe du Trivial Pursuit: il faut répondre à des questions et tenter de gagner des « camemberts ». L’auteur en profite pour faire passer un message écologique, taillant au passage le costard aux méthodes d’exploitation intensive des sols. Un regard intéressant sur le monde invisible. À mettre entre toutes les mains.

Sous terre

De Mathieu Burniat, éditions Dargaud, 176 pages.

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