L’été nous booste dans des rassemblements festifs ou artistiques inédits dans la ville, entre les Apéros Urbains ou la danse contemporaine sur le sable… Retour à l’espace public?

Se réunir autrement. La liste est longue, notamment à Bruxelles, avec moult activités variées: Apéros Urbains, Roller Parade, Piknik Ekectronik, cinéma open air, journées Voisins, Bruxelles-les-Bains… Le citoyen éco-bio n’est pas en reste, qui investit la rue avec des bombes de semences à faire fleurir sauvagement la ville (les Guerilla gardening), ou encore le Soupographe qui squatte les places publiques pour échanger des recettes de soupes avec »l’amicale des inconnus ». Qui a dit que la Toile « www » allait nous capturer? Le sociologue Claude Javeau rappelle quelques vérités: « La nostalgie de vivre avec les autres est une attente claire dans un monde atomisé où l’on remplace la communauté par la masse… Et la masse ce ne sont pas des liens. L’engouement est de se retrouver avec les autres sous un prétexte qui reste le plaisir. L’ordre s’installe régulièrement et il faut de temps en temps refaire le bordel sinon tout s’effrite. Ce sont des « carnavals » modernes autour d’un pique-nique ou un concert. Un système de marketing s’installe derrière ces rassemblements avec les réseaux virtuels du « Net ». Mais comme en culture, c’est dommage quand cela déclenche un réflexe de consommation et non de curiosité. Si en voyant les statues de Botero aux Champs Elysées, ça nous donne envie d’aller au Centre Pompidou, c’est bien. Si on en reste à Botero, on aura consommé du Botero comme on consomme du Coca-Cola. »

L’art investit la rue

Les arts semblent suivre le même mouvement, s’échappant de leurs lieux traditionnels (théâtres, musées…) pour réinvestir la ville. A Ixelles, avant Berlin, s’exposent en rue les bustes-visages Nuestros Silencios, du Mexicain Rivelino. Don Quichotte de Massenet est retransmis sur la Grand Place pour les adieux à la scène de José Van Dam. Cette semaine, la plage d’Ostende propose sa 2e édition de Dansand, festival de danse contemporaine avec Sidi Larbi Cherkaoui ou Wim Vandekeybus. « Une des philosophies du festival, explique la programmatrice Katleen van Langendonck , est de présenter les chorégraphes célèbres mais aussi la nouvelle génération qui a un public plus confiné. Or, il y a beaucoup d’humour dans la danse d’aujourd’hui qui est très accessible. Même si on a un public, il faut le renouveler, aller chercher et sensibiliser un autre public souvent novice mais ouvert à l’expérience. »

En filigrane donc, sortir de son cadre pour toucher celui qui ne vient pas. L’éternel débat sur la démocratisation de la culture, couplée à une appropriation de l’espace public. « Des espaces doivent être repris par l’art, explique Fabienne Verstraeten, directrice des Halles de Schaerbeek, qui installe ses performances sur les trottoirs de sa commune et se mobilise artistiquement pour Supervoisins. Elle poursuit: « L’accès à la culture doit d’abord passer par l’espace public avant de faire entrer les gens dans les lieux. Bruxelles connaît un déploiement artistique extraordinaire mais il lui manque un festival d’été d’envergure qui toucherait l’espace public (loin des les lieux prestigieux comme la place Royal ou le Mont des Arts). Le Kunstenfestival a montré une nécessité d’investir la rue et moi je ne peux agir que dans mon lieu. Chaque fois des tentatives séparées, donc éparses. L’art public est très peu porté chez nous. Henri Simons, l’ancien échevin de la Culture et de l’Urbanisme de la Ville de Bruxelles, a porté des projets importants d’£uvres d’art dans l’espace public. Personne ne semble avoir pris la relève. Or le public est toujours prêt pour des aventures extérieures. « 

Texte Nurten Aka

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