Sortie de ring

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Pour son dixième et ultime album, Booba a tranché: à défaut d’un grand disque, il compte bien s’offrir un dernier numéro un.

Il l’a dit, promis: cette fois, c’est la der pour Booba. Un dixième et ultime long format, non pas pour clore sa carrière -il a bien pris soin de nuancer-, mais mettre le point final à une discographie album qui aura fait du Duc de Boulogne « le plus grand rappeur » de l’Hexagone. Il y aura mis l’art -les classiques Ouest Side, Panthéon, Nero nemesis, etc.- et la manière -pugnace et teigneuse. Dès Le Bitume avec une plume, sur son premier solo, Temps mort en 2002, il annonçait: « Je voulais la gloire/J’ai eu la guerre ». De fait, pour Booba, le rap a toujours été un sport de combat. Un ring où il aura souvent triomphé par K.O., faisant preuve d’une longévité exceptionnelle. Même quand, à la moitié des années 2010, les rappeurs devinrent les rois du streaming et des hit-parades, Booba, déjà quadra, a su tirer son épingle du jeu, cartonnant sur les plateformes, enflammant les réseaux.

Au moment de descendre du ring, Booba s’est donc fixé un objectif: non pas proposer une ultime masterclass à la hauteur d’une discographie légendaire, mais « simplement » s’offrir un dernier numéro un. Et tant pis si cela implique de baliser au maximum la proposition. En cela, Ultra porte mal son nom, extrême en rien, sinon dans son formatage. Quatorze titres en 40 minutes, la moitié ne dépassant par les trois minutes: l’ultime album de Booba a été pensé pour faire chauffer les sites de streaming. Certes, à part Maes, il se passe de gros invité-vedette pour préférer mettre en avant les petits protégés de son label. Mais sans pour autant proposer vraiment de nouvelles directions -ou alors pour pousser un peu plus la formule piano-voix, bâclée sur Je sais, recyclant un freestyle de 2014; poussive sur le duo variétoche de Grain de sable, avec Elia.

Sortie de ring

On sera tenté de dépeindre un Booba plus mélancolique. Compétiteur, il voit clair sur l’échiquier rap ( « Maintenant, on est trop », constate-t-il sur GP) et sur ses limites ( « Crois-moi, la vie de rêve, c’est surcoté de fou » sur RST). Lucide, le rappeur est surtout conscient du temps qui passe ( « Je suis trop vieux pour Snapchat », sur RST), baissant même la garde, avouant ne pas comprendre « cette haine qui m’alimente » ( Bonne journée). Pour autant, c’est quand il serre les dents que Booba reste le plus percutant, planquant ses commentaires socio-politiques derrière l’ego trip. Comme ou sur le conquérant GP, en ouverture, fanfaronnant « J’ai pas fini la school, mais j’ai fini San Andreas » ou encore « J’aime rien, je suis Parisien ». C’est presque trop facile. Car, même en roue libre, Booba garde le sens de la formule, mi-goguenard, mi-Audiard – « J’irai aux Restos du Coeur quand ils auront deux étoiles Michelin ». Cela ne suffit pas à faire d’ Ultra un grand disque. Encore une fois, ce n’était d’ailleurs pas le but. « Je ne suis que le Top Singles, et le cours de l’euro », clarifie encore B2O sur Je sais. En l’occurrence, Ultra a cumulé quelque 9,2 millions de streams en 24 heures sur Spotify, occupant en France les 15 premières places de la plateforme. « Les hommes mentent, les chiffres jamais », qu’il disait…

Booba

« Ultra »

Distribué par Tallac/Universal.

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