So Soul

En 2021, sort un documentaire filmé à Harlem en…1969. Voilà sa B.O. explosive, qui dévoile entre autres Nina Simone ou Sly & The Family Stone au sommet.

Lorsque Summer of Soul est projeté tout début 2021 à Sundance, le film documentaire réalisé par Questlove (The Roots) pose indirectement la question: pourquoi les 40 heures de rushes tournées lors des six dimanches du Harlem Cultural Festival, de fin juin à fin août 1969, sont-elles restées plus d’un demi-siècle dans les tiroirs? Mic-mac de production, de droits en tous genres et, possiblement, méfiance des majeurs médias télé US à dominante blanche, face à ce qui paraît aussi comme un manifeste fin sixties de Black Is Beautiful? Seuls des extraits de l’événement seront diffusés à l’époque sur la chaîne new-yorkaise WNEWTV. Après les 117 minutes du film en 2021, sort donc cette B.O. de 17 titres qui, sans reprendre l’intégralité de l’affiche originale -Stevie Wonder par exemple n’y est pas-, offre le meilleur de la musique noire d’époque, avec injections latinos. Même si on peut déplorer l’absence de Miles Davis, Jimi Hendrix ou Marvin Gaye dans ce festival qui rassemble des foules au Mount Morris Park, ces musiques fabriquent l’Histoire en direct. Pour une simple raison: la plupart des artistes présentés sont alors au sommet de leur forme, de leur art et performance.

So Soul

Négritude

Cas flagrant: Sly & The Family Stone, ici embarqués dans Sing a Simple Song et Everyday People. Même si le son -évidemment remastérisé- peut sembler loin des canons actuels, on s’immerge chez les empereurs du funk au groove collectif, un des premiers groupes mixtes, même si à dominante noire. La bande à Sly triomphera d’ailleurs à Woodstock quelques semaines plus tard, devant un public à 99% blanc. Mais le raout d’Harlem en cet été 1969 porte des marques communautaires. Même s’il invite deux splendides moments latinos -Ray Barretto et Mongo Santamaría-, cette Âme de l’été cale ses rêves majeurs dans la négritude absolue. Qui expose aussi la largeur élastique du panel créatif afro-américain, à un niveau qualitatif balayant toute velléité de musique normative, standardisée. De ces enregistrements live transpire une implication au-delà du groove. Il faut entendre le final assumé par deux chansons d’une Nina Simone déchaînée, dont les spectaculaires 7 minutes afro-tribales de Are You Ready?, conformes à l’identité du service d’ordre, assumé par les Black Panthers, la ville de New York trouvant l’événement trop pointu… Impossible de ne pas citer ces grands moments que sont le jazz fou d’Herbie Mann et cet extraordinaire enchaînement de trois gospels, des Edwin Hawkins Singers, des Staple Singers et d’un collectif emmené par les impériales Mahalia Jackson et Mavis Staples. Magistral.

Divers

« Summer of Soul (…Or, When the Revolution Could Not Be Televised) »

Distribué par Sony Music.

9

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content