DE SAM MENDES. AVEC DANIEL CRAIG, JAVIER BARDEM, JUDI DENCH. 2 H 23. SORTIE: 26/10.

Certes, il y avait des gages, et notamment la présence au générique du réalisateur Sam Mendes et du chef-opérateur Roger Deakins, collaborateur de longue date des frères Coen. Ou, bien sûr, celle d’un Javier Bardem venu donner une réplique assassine à Daniel Craig. Reste que, pour son anniversaire, 007 s’est fait plaisir, avec un Skyfall appelé à rester dans les annales d’une saga lancée, il y a tout juste 50 ans, par Dr No. Révélé par American Beauty, avant de signer, entre autres, Road to Perdition ou Away We Go, Mendes a aussi biberonné à James Bond. Magistrale, l’ouverture du film suffit à démontrer qu’il sait y faire le temps d’une mémorable poursuite stambouliote, comme pour mieux en prendre le contre-pied ensuite. Bond n’en ressortira pas intact en effet; c’est bientôt tout le MI6 qui tremble sur son socle, alors que les noms d’agents infiltrés sont balancés sur la Toile. Et 007, plus vulnérable que jamais, de s’enfoncer en terrain miné, tandis qu’alentour, le monde vacille.

Parti sur ces bases prometteuses, Skyfall maintient ensuite un cap affolant, qu’infuse la réalité de l’époque. La pyrotechnie s’y estompe d’ailleurs au profit d’une patine crépusculaire, alors que ses enjeux s’entrelacent en une composition d’une funèbre intensité. S’il y a là ce qui ressemble à une entreprise de déconstruction, la réussite du film tient notamment au fait que Mendes l’assortit d’un hommage en bonne et due forme au mythe. Le réalisateur parvient ainsi à concilier vision post-moderne et Bond vintage -jusqu’à aller ressortir du garage l’Aston Martin DB5 de Goldfinger, ou encore le temps d’un épisode à Macao revisitant toute l’imagerie de la franchise, Bond girl comprise, et l’on en passe, comme ce retour aux racines… écossaises de l’espion. Il emprunte, par ailleurs, à la tradition bondienne la présence d’un méchant en acier trempé -ou plutôt, en l’occurrence, tout en mèches peroxydées. Cousin du Max Zorin campé par Christopher Walken dans A View to a Kill, le Silva de Bardem est assurément l’un des bad guys les plus sidérants qu’ait jamais abrités la saga, extraordinaire au point d’en faire de l’ombre à Craig soi-même. A sa suite, le film s’aventure dans un cadre aussi mouvant que fascinant. On ne boude pas son plaisir devant cette relecture intelligente d’une £uvre dont le final, brillant, laisse entendre qu’elle serait encore à écrire.

J.F. PL.

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