Shakespeare World

En dérobant un os de la dépouille de Shakespeare, le chien Roméo déclenche la malédiction dont le grand dramaturge avait menacé de frapper l’humanité si on déplaçait son corps après sa mort. Astrid Defrance, dont c’est ici la première incursion dans l’univers de la bande dessinée, imagine un scénario inspiré de l’épitaphe figurant à l’entrée du caveau. Dans la plus pure tradition du récit catastrophe, tous les grands maux de la société contemporaine vont s’abattre sur le Royaume-Uni. Soulèvement social suite à la mort d’un travailleur immigré, contre-manifestation d’Anglais de souche, attentats terroristes, montée des eaux, érection d’un mur protégeant la City: rien n’épargne le bon peuple d’Angleterre. Mis en scène sous forme d’un récit choral, le scénario suit le parcours de plusieurs personnages qui auront, chacun à leur niveau, un rôle à jouer dans cette « hyper » pièce de théâtre: chauffeur de taxi, artiste, chargé de communication, Premier ministre, Reine d’Angleterre, et même Orson Welles croisé dans un improbable concert punk… Tous portant haut la langue de Shakespeare. Le postulat de base de Shakespeare World est la modernité de l’oeuvre du grand homme, comme démontrée dans plusieurs films ou spectacles contemporains tirés de son répertoire. Pari plus ou moins tenu: la transposition dans le monde moderne des plus célèbres pièces telles Roméo & Juliette, Richard III, Le Roi Lear… fonctionne assez bien. Démonstration réussie à ce niveau. C’est par contre plus fastidieux du côté de la fluidité du récit, même si certaines scènes sont assez drôles, à l’instar du fameux concert punk où le chanteur éructe des extraits du Marchand de Venise. Une curiosité donc, pour tous les amateurs de théâtre classique… et de collapsologie.

Shakespeare World

De Jules Stromboni et Astrid Defrance, éditions Casterman, 200 pages.

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