Séries Mania ne perd par le Nord
Entre le 22 et le 30 mars, Séries Mania a mis une fois de plus les petits plats dans les grands. La 10e édition du festival, la deuxième à prendre ses quartiers à Lille, a été avancée d’un mois afin de ne pas jouer les doublons avec la nouvelle venue Canneseries (du 5 au 10 avril) et de profiter d’un calendrier événementiel relativement calme au lendemain de l’équinoxe du Printemps.
Cet horizon dégagé a permis à Séries Mania, festival entièrement gratuit, d’afficher complet dès avant le début des festivités et de faire le plein d’exclusivités. Une variété revigorante, des invités de prestige (Uma Thurman, venue présenter sa série Chambers, sur Netflix à partir du 26 avril; les créateurs de Black Mirror Charlie Brooker & Annabel Jones; les agents de Dix pour cent…), des projections cultes, malgré l’absence de Canal + (chasse gardée de Canneséries). Le show a été assuré par les sélections: Nouvelles Saisons Inédites très attendues, dont les deuxièmes saisons de Fleabag et The OA (lire ci-avant), formats courts, panorama international, compétition française et compétition officielle, dont les palmarès ont dignement récompensé les meilleures séries de la semaine.
Valeur de production
Dans un contexte de grande bataille économique à venir entre plateformes de téléchargement, diffuseurs et chaînes historiques, à coups de leviers économiques, de valeurs de productions en hausse et d’identification du public, la guerre de l’attention est déclarée. « Les productions qui n’ont pas les moyens d’atteindre les nouveaux canons deviennent, par comparaison, un peu ringardes ou désuètes si ça n’est pas compensé par une richesse ou une audace dans l’écriture, la mise en scène, le format », précisait Frédéric Lavigne, directeur artistique de la manifestation, en marge des projections. C’est par là que pèche trop souvent une création française (Le Grand Bazar, La Dernière Vague, Osmosis, décevantes) par ailleurs surreprésentée à travers l’ensemble de la manifestation. Comme de juste, les séries qui ont marqué l’édition 2019 sont venues des quatre coins du monde pour souligner ses angoisses, ses catastrophes politiques, écologiques, humaines ou intimes (femmes et hommes en révolte, réfugiés, drames insulaires…). Dans une pluralité de langues et de formats qui fait honneur au genre.
Grand Prix: The Virtues
de Shane Meadows
Le suspens était quasi nul, tant cette série britannique dans laquelle brille l’acteur Stephen Graham (également récompensé d’un prix d’interprétation masculine) a fait l’unanimité du public et des critiques durant la semaine. Graham y est Joseph, working class hero qu’une séparation brutale d’avec sa femme et son enfant va transformer en sombre loque et forcer à se confronter à un lourd et sombre passé. Sur fond de PJ Harvey, la lutte intérieure d’un homme aux prises avec ses propres gouffres oscille entre drôlerie et tragédie sociale, et offre à son acteur, bouleversant, le rôle d’une vie.
Grand Prix du Jury: Just for Today
de Nir Bergman et Ram Nehari
Portée par Nir Bergman, co-créateur avec Hagai Levi de la série Be Tipul (adaptée sous le titre In Treatment, avec Gabriel Byrne), ce drame aux teintes d’humour acide place dans un centre de réinsertion pour prisonniers le portrait des laissés-pour-compte de l’État hébreu. Sur fond d’histoire d’amour et de souffrance psychique, cette série à la photographie léchée et au casting semi-professionnel confirme la bonne santé des séries en provenance d’Israël.
Prix du Public: Mytho
d’Anne Berest
Prochainement diffusée sur Arte et portée par une extraordinaire Marina Hands (récompensée par le prix d’interprétation féminine), Mytho conte la réponse atypique d’une mère de famille à la question de la charge mentale. Lassée de porter seule l’éducation de ses enfants, la déprime de son mari et la logistique familiale, elle s’invente de toutes pièces un destin de martyre, qui ne sera pas sans conséquences inattendues.
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