Sergio Leone décrypté

Exposé à la Cinémathèque française, le cinéaste fait l’objet d’un ouvrage de référence, combinant écrits divers, analyses critiques et entretiens. Un must.

À l’Ouest, du nouveau: en marge de l’exposition de la Cinémathèque française ( lire en page 22), les éditions de La Table Ronde publient La Révolution Sergio Leone, ouvrage définitif consacré au cinéaste romain. Confié à la direction de Gian Luca Farinelli (directeur de la Cineteca di Bologna) et Christopher Frayling (dont la biographie du cinéaste est traduite chez Actes Sud), cet imposant catalogue regroupe analyses critiques, écrits et interviews de l’auteur de Et pour quelques dollars de plus, entretiens avec ses collaborateurs, techniciens et acteurs, ainsi qu’une masterclass, une double revue de presse d’époque (Positif lui donna du  » vautour » à ses débuts, avant d’adopter une courbe rentrante, comme la grande majorité de la critique française et italienne) et une filmographie exhaustive. Indispensable, donc.

Sergio Leone décrypté

Le Leone en langue natale

De fait, il y a là tout Leone et plus encore, aux mises en perspective historique et esthétique s’en ajoutant d’autres, qui tentent de cerner un cinéaste que Gian Luca Farinelli et Antonio Bigini décrivent comme  » Un conteur formidable, un enfant rêveur toujours à la recherche d’une autre terre à explorer » . Et qui, non content de redessiner les contours du western, se réinventera film après film, populaire et expérimental à la fois, un pied dans le mythe, l’autre dans la modernité. D’où une postérité nombreuse, Christopher Frayling, dans Héritage de Leone, établissant une magistrale généalogie courant du western américain aux films de George Miller et John Woo, sans même parler de Quentin Tarantino dont Frédéric Bonnaud écrit que  » le Leone est la langue natale« . Si le corpus théorique apparaît inépuisable, les interventions de Leone et de ses proches ne sont pas moins passionnantes. Ainsi quand, dans un article de 1984, le cinéaste s’emploie à comparer Clint Eastwood et Robert De Niro. Ou quand il revient sur ses démêlés avec Peter Bogdanovich, pressenti pour réaliser Il était une fois la Révolution. Les témoignages de ses collaborateurs en esquissent le portrait en professionnel obsessionnel – » On aurait dit qu’il avait absorbé le cinéma avec le lait de sa mère« , observe le scénariste Luciano Vincenzoni.  » Sergio était irrésistible« , renchérit le directeur de production Claudio Mancini, par ailleurs « pendu » de Il était une fois dans l’Ouest. Lequel confie une anecdote survenue pendant le montage de Il était une fois en Amérique quand, sortant d’une séance de Rambo, Leone lui demanda:  » Claudio, tu crois qu’un film comme le nôtre peut encore plaire? »  » Il sentait qu’un nouveau cinéma arrivait et qu’il appartenait, lui, à une autre époque, qui avait pris fin. » Voire. Leone aura su, en tout cas, aller au bout de ses rêves d’enfance, aimantant les spectateurs sur les voies de son imaginaire, comme en proie à The Ecstasy of Gold…

La Révolution Sergio Leone

Collectif, sous la direction de Gian Luca Farinelli et Christopher Frayling, éditions de La Table Ronde, 512 pages.

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