Il y a des jours comme ça où tout va de travers. Un train qui, pour cause de canicule, a six heures de retard, un rendez-vous qui ne vous a pas attendu et qui ne répond décidément pas au téléphone, le cagnard d’un petit bled du sud de l’Italie, un hôtel rejoint à pied qui affiche complet puisque vous avez -évidemment- oublié de confirmer. C’est jour de mariage et toutes les chambres sont à présent occupées. Germano, le héros malchanceux de Senso, n’aurait pas pu prévoir pire scénario pour cette journée foireuse. Il n’est malheureusement pas au bout de ses peines, mais ménageons les surprises. Il fait la connaissance d’Elena, ex-femme du marié, à laquelle il va tant bien que mal s’accrocher pour ne pas tomber au fond du trou. Si cette dernière n’est pas aussi maladroite que Germano, elle semble ravie de l’arrivée de ce Monsieur Hulot version transalpine. Alfred réussit une histoire digne d’un film d’Ettore Scola. On se prend vite d’affection pour ces personnages pas vraiment à leur place mais heureux de jouer à cache-cache dans les jardins labyrinthiques de cet hôtel à la grandeur fanée. Les couleurs à la fois profondes et délicates de l’auteur rajoutent à l’ambiance moite de cette journée et de cette nuit particulières, comme une parenthèse poétique résolument hors du temps.

Senso

D’Alfred, éditions Delcourt. 192 pages.

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