Auteur de deux pentalogies en français, Aki Shimazaki, romancière japonaise qui vit à Montréal, avait entamé l’an passé avec Suzuran une troisième saga familiale, marquée par la disparition tragique de la fille aînée d’un couple, admirée par sa soeur cadette, personnage central de ce premier volet. Cinq années ont passé depuis la mort de Kyôko, et c’est sur ses parents vieillissants Tetsuo et Fujiko que l’écrivaine cette fois se focalise. Ils vivent dans une sorte de séniorie de luxe où le personnel est en mesure de prendre en charge le début d’Alzheimer dont Fujiko est victime. Ce faisant, ses souvenirs du passé lointain refluent, et son mari -relégué au rang de fiancé- qui est aussi le narrateur, découvre que son fils n’est pas le sien, alors que, dans la saga de ce mariage au départ arrangé, il convient et se souvient avoir trompé son épouse avec une ancienne petite amie. Ce qui n’était qu’une ombre derrière un paravent se révèle au grand jour… Toujours aussi simple, manga, ligne claire et délicat, le style d’Aki Shimazaki est d’une épure lumineuse pour décrire les sentiments qui étreignent ses personnages emprisonnés dans des traditions encore fortes, mais désuètes, tenus par les liens invisibles des coutumes. Et qui finissent enfin par voir éclore d’un drame larvé la grâce ailée d’un éphémère papillon.

D’Aki Shimazaki, éditions Actes Sud, 160 pages.

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