Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

DIX-HUIT ANS APRÈS SON DERNIER ALBUM, FAITH NO MORE SIGNE SON GRAND RETOUR DISCOGRAPHIQUE. INVICTUS VERITAS…

Faith No More

« Sol Invictus »

DISTRIBUÉ PAR RECLAMATION/PIAS.

7

En août 2009, après avoir déserté les planches une dizaine d’années durant, Faith No More acceptait de remonter sur scène pour une tournée européenne faisant notamment halte au Pukkelpop. Ce concert, tous les spectateurs s’en souviennent. En partie grâce à l’ingénieur du son de La Roux qui perdit toutes ses dents en se mangeant violemment les barrières métalliques de sécurité sur l’un des stage diving les plus présomptueux et inconscients de l’Histoire. A l’époque, une dent, on en aurait presque eu une contre le pourtant irréprochable Mike Patton. Pas de nouvelle chanson. Aucun album à l’horizon. L’incontrôlable et incorruptible cofondateur du label Ipecac semblait avoir succombé comme tous les autres au chant des sirènes. A ces bruits de tiroir-caisse berçant ces entreprises pour le moins lucratives que sont les tournées de reformation. En même temps, entre Fantômas, Tomahawk, Peeping Tom, bandes originales (La Solitude des nombres premiers, The Place Beyond The Pines…), collaboration avec John Zorn et hommage couillu à la variété italienne (Mondo Cane), l’avant-gardiste, exubérant et radical Patton n’avait pas chômé depuis les débuts chiffonnés des années 2000.

Retour gagnant

Au final, la petite graine qui a fait pousser Sol Invictus, c’est une chanson du bassiste Bill Gould, Matador, jouée pour la première fois en 2011 à Buenos Aires. Avec le batteur Mike Bordin, Gould est le grand instigateur de ce retour en studio. Un peu freiné par un Patton prudent, hésitant. « On est peut-être un peu trop lucides, déclarait-il il y a deux ans et demi. Un tas de groupes qui ont certes peut-être fait de chouettes choses mais qui ont ensuite eu besoin de fric, se sont reformés et ont en gros recouvert de merde l’intégralité de leur discographie. Ça nous inquiète beaucoup. On ne voudrait pas aller trop loin. »

Pas de « midlife crisis ». Motherfucker et Superhero, les deux singles apéritifs, avaient donné le ton. Dix-huit ans après Album of The Year, même formule même line up, Faith No More revient comme s’il ne nous avait jamais quittés. Le refrain mielleux du titre d’ouverture qui a donné son nom au disque vite oublié, FNM s’en sort avec les honneurs. Un peu prévisible (Separation Anxiety a par exemple des relents de Last Cup of Sorrow), Sol Invictus n’ajoutera rien à la légende mais il réussit à ne pas faire sonner comme une bande de vieux cons (prenez-en de la graine Pixies, Smashing, Guns, Wire et autre Gang of four…) un groupe qui a marqué l’Histoire et fusionné les genres (metal, rap, pop, funk…) comme personne. L’un ou l’autre morceau comme Sunny Side Up pourront d’ailleurs figurer sans honte d’ici une dizaine d’années sur un best of.

Génial et emblématique interprète d’un projet qu’il n’a rejoint qu’en 1988, à l’époque de son troisième album (The Real Thing), Patton, rien d’étonnant, fait toujours ce qu’il veut de sa voix. Alterne chant pop, timbre lugubre, gémissements et hurlements avec autant de délectation qu’à ses premiers jours. Produit par son bassiste, enregistré dans son studio et sorti sur son propre label, Sol Invictus incite au respect. They care a lot…

LE 21/06 AU GRASPOP (DESSEL).

JULIEN BROQUET

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