Robert Frank: l’Amérique dans le viseur

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« L’Amérique vue par un type sans joie qui la déteste. » « Poème triste pour pervers. » En 1958, le photographe et réalisateur d’origine suisse Robert Frank sort son oeuvre la plus célèbre et n’est pas ménagé par la critique: « Flou absurde, lumière sale, horizon aviné, négligence. Une vision décalée des USA », décrivent les plus modérés. En 1955 et 1956, grâce à une bourse Guggenheim, Robert Frank a parcouru les États-Unis avec sa famille et immortalisé leurs habitants. « Ils ont dit: ce type doit haïr l’Amérique pour photographier des gens comme ça. Mais j’étais un chasseur. Un chasseur d’images. Ce voyage m’a appris à l’aimer. » Neuf mois. 16 000 kilomètres. Trente États. Pour 767 rouleaux de pellicule et 27 000 clichés… Il n’en a pas moins fallu dix ans pour que le livre rencontre le succès. Proche des poètes beat, de Corso, Ginsberg, Kerouac, « ces mecs toujours en mouvement qui ne se posaient pas de questions et agissaient », Frank a jeté les bases de la street photography. Cherchant une vérité s’imposant d’évidence. Sur une super bande originale conviant le You Can’t Put Your Arms Around a Memory de Thunders, Tom Waits, le Velvet, Mingus, Yo La Tengo, les White Stripes ou encore Bob Dylan, Laura Israel ( Windfall) tire le portrait de son ami nonagénaire. Raconte avec le principal intéressé et ses compagnons de route ses amitiés avec la Beat Generation. Les Rolling Stones qui trouvent son film mortel mais s’opposent à sa sortie (Frank a tourné une vingtaine de longs, de courts et de docus expérimentaux). Zoom sur un personnage passionnant et un travail qui l’est tout autant.

Documentaire de Laura Israel.

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