Robert Delaunay. L’invention du pop

Professeur d’histoire de l’art à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne et spécialiste des avant-gardes, Pascal Rousseau défend une thèse pas banale: Robert Delaunay (1885-1941), peintre que l’époque n’en finit pas de reléguer au second plan en raison d’un prétendu usage « décoratif » de la couleur, se voit consacré en tant que « pionnier historique de la culture pop ». Si initialement le propos surprend -on ne lui imaginait pas cette aura-, force est de reconnaître qu’il tient la route au fil d’une démonstration illustrée avec générosité. Qu’il s’agisse de ses « disques » qui évoquent immanquablement les cibles d’un Jasper Johns, voire d’un langoureux baiser anticipant de quatre décennies celui d’un certain Roy Lichtenstein, les convergences pop sont plus que troublantes. Le tout est appuyé par de nombreux documents en prise directe sur les cultures visuelles de l’époque ainsi que par une archéologie de l’image nouant rigoureusement oeuvre et contexte d’apparition. Il faut dire que la pratique de Delaunay n’a eu de cesse de faire son miel de la publicité, du culte du sport d’alors ou encore de la carte postale. Sans parler de son goût pour l’abstraction et d’un sens inné du « vertige graphique ». Au bout des 300 pages, on n’attend plus qu’une chose: que justice soit faite et qu’un grand musée, pourquoi pas celui de la ville de Paris, lui rende un hommage appuyé. Sans tarder.

De Pascal Rousseau, éditions Hazan, 336 pages.

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