Rio (tome 3): Carnaval sauvage

Dans quelques jours, le carnaval va envahir les rues de Rio, mais avant cela, l’enfer va s’abattre sur Beija Flor, la favela de Rubeus. On l’avait laissé à la fin du deuxième tome une deuxième fois en deuil -de sa soeur après sa mère. On le retrouve ici prêt à basculer définitivement du Côté Obscur de la Force, manipulé qu’il est par Capitu la sorcière, mais aussi par Mozar le gangster ami d’enfance, par Zé Rico le mafieux local, par Jonas Moura le flic (très) pourri et même par son père, Américain qui ne connaît rien de la violence des favelas où est né et a grandi son fils… Un jeu de manipulations et de corruption d’une extrême violence et qui fait, depuis la création de cette mini-série qui s’achèvera au prochain tome, un des meilleurs westerns de ces dernières années, même s’il se passe aujourd’hui au Brésil: on y retrouve la même violence sauvage, les mêmes sentiments exacerbés et à peu près les mêmes rapports de force et de pouvoir. On y apprécie aussi le graphisme tout en réalisme et mouvement de Corentin Rouge, digne successeur d’un François Boucq voire d’un Giraud, période « Blueberry lâché » à la Angel Face. Son trait nerveux colle parfaitement à la crudité de ce récit -le parcours tout de sang et de douleur d’un gamin des favelas devenu grand en trois albums, mais sans cesse ramené à ses origines et à ces enfers que sont les bas-fonds de Rio. Un récit dont tire tout le sel sa scénariste Louise Garcia, Française ayant elle-même grandi à Rio, et donc crédible dans sa description des lieux, très éloignée de la joie de vivre carnavalesque. Rio fait au contraire immédiatement penser à La Cité de Dieu, fameux film brésilien, et coup de poing qui évoquait le même thème.

Rio (tome 3): Carnaval sauvage

De Louise Garcia et Corentin Rouge, Éditions Glénat, 64 pages.

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