Rien que le soleil

Norah s’ennuie. Dans son métier de professeure de français dans un lycée de la banlieue nord de Paris, plus rien ne semble faire sens. Pas même sa relation avec Paul, qui semble très bien se satisfaire de leurs échanges routiniers et d’un voyage à Venise de temps à autre. Elle n’a plus la tête à ça, lui a le désir ailleurs. Quand Sofiane débarque dans sa classe, la jeune femme croit voir chez cet élève difficile mais plein de potentiel, à la virilité en ébullition, la porte de sortie de son quotidien qu’elle traîne comme un boulet.  » J’ai tout de suite compris qu’il était maître en son royaume« , pense-t-elle. En jouant le flirt ambigu, elle frôle sans cesse la zone rouge lors d’échanges de SMS en apparence anodins. Consciente du périlleux penchant vers lequel son ennui la mène, la voilà prête à tout claquer. Filant vers le sud de l’Hexagone, elle trouve, renouant avec de vieilles connaissances dans la bouillonnante Marseille, la spontanéité qui lui manquait, l’effet grisant du lendemain indéfini. On ne peut s’empêcher de lire dans ce premier roman que signe Lou Kanche les indices d’une terreur de l’embourgeoisement vécu comme une claustration. Malgré une apparente plénitude intellectuelle et sociale, la narratrice incarne ce besoin de sortir d’un chemin tout tracé, d’assumer sa liberté, laissant exploser des désirs trop longtemps enfouis. Charnelle, la plume de cette jeune autrice installée à Bruxelles se révèle une belle promesse tant dans la transcription d’une existence lasse que dans l’explosion sensuelle.

De Lou Kanche, éditions Grasset, 216 pages.

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