Rester vivants

En janvier 2011, un retentissant soulèvement populaire embrase les rues égyptiennes. Hosni Moubarak est poussé vers la sortie après trente ans de dictature militaire et civile. À l’aube de cette révolution, Pauline Beugnies accompagne une poignée d’activistes afin d’étoffer son travail photographique. Soudain au coeur de la révolte, elle immortalise ce qui reste une expérience hors du commun. Si les deux années suivantes sont exaltées par une période de transition démocratique présumée, juillet 2013 est affligé par le retour de l’armée, sous la coupe du maréchal Abdel Fattah al-Sissi. Le massacre de Rabaa, à peine un mois plus tard, voit la disparition de 600 opposants en une dramatique journée. La répression s’abat à nouveau et frappe sans distinction. Contre son gré, la journaliste s’éloigne du tumulte. Malgré tout, l’irréfrénable soif de documenter ce qu’il reste de ce soubresaut libertaire ne s’est pas étanchée. De retour en Égypte aux côtés de ceux qui ont fait corps dans la foule débridée, elle dresse un parallèle entre l’optimisme pugnace d’alors et le désarroi manifeste du présent. Lentement mais sûrement, l’institution a grappillé les miettes de la désinvolture et de l’indépendance et dérobé jusqu’à l’autonomie de la rue. Alors que les opportunités de changement s’amincissent, c’est toute une génération qui subit et magnifie pourtant cet héritage lourd de sens. Ce film galvanisant, nommé aux Magritte dans la catégorie Meilleur documentaire, nous balade d’un constat à une exhortation : « Restez vivants! »

Rester vivants
© DR

Documentaire de Pauline Beugnies.

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