Rebel rebel David avant Bowie

David Robert Jones dit David Bowie en 1965. © REDFERNS/ GETTY IMAGES 2019

Comment un enfant chétif et bagarreur issu d’une famille modeste (père RP dans une association caritative et mère ouvreuse dans un cinéma) est-il devenu l’une des plus grandes stars du rock? Comment un gamin passé par la chorale de son école et la flûte à bec en est-il arrivé à révolutionner la pop? C’est, comme son nom l’indique, ce que raconte David avant Bowie. L’ascension d’un jeune prodige. L’histoire d’une lente et impressionnante métamorphose.

« Une passion anime la plupart des gens qui sont un peu curieux d’eux-mêmes. Celle de s’échapper, de fuir pour découvrir qui ils sont et se trouver des racines, explique le principal intéressé dans ce passionnant documentaire. On est tous désespérés, épuisés par la platitude de l’endroit où on a grandi. »

Échecs minants, flops retentissants, renvois de maisons de disques et expériences artistiques avortées. Si le jeune mod lançait et rejoignait déjà des groupes à 19 ans, le chemin vers le succès fut si pas long, à tout le moins douloureux et chaotique pour ce mioche né de parents peu expansifs, sans doute profondément marqués par la Seconde Guerre mondiale. Après avoir raconté le Bowie des années 70, Ziggy Stardust et son virage berlinois ( David Bowie en cinq actes), puis s’être penché sur la fin de son existence ( David Bowie: les cinq dernières années), le réalisateur et producteur britannique Francis Whately s’intéresse à ses débuts. Une époque durant laquelle David Robert Jones n’était pas perdu mais ne s’était pas encore trouvé… Musiciens, manager, ancienne petite amie, cousine et potes d’enfance décrivent un mec mystérieux et profond qui divulguait peu ses sentiments. Un type qui s’est cru trop avant-gardiste pour réussir mais tutoyait dès l’âge de 22 ans la tête des charts anglais avec une chanson ( Space Oddity) inspirée par le 2001: l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick, racontant en direct la mort d’un astronaute. À côté du producteur Tony Visconti, Bowie lui-même se souvient. Sans briller dans sa forme malgré de chouettes documents d’archive, le docu a le don de déterrer les racines, de tirer minutieusement les fils. Il parle de son amour pour le Velvet Underground, évoque l’influence d’Anthony Newley, retrace son expérience de mime aux côtés du chorégraphe, acteur et spécialiste de la discipline Lindsay Kemp. Et se termine avec le suicide de Ziggy. De quoi palper le sentiment d’isolement qui a poursuivi l’artiste dès l’enfance. Apercevoir le chanteur folk avant la rock star. Décoder la création de ce monde alternatif auquel il tenait tant. « Bowie était jeune. Il cherchait à se faire un nom et c’était un petit frimeur (il se qualifiait lui-même de prétentieux). Mais on se marrait bien avec lui. On piquait souvent de sacrés fou rires », glisse un de ses proches. L’envers du décor.

Documentaire de Francis Whately.

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