Punk samouraï

Ex-chanteur de groupes punk, acteur chez Nobuhiro Suwa pour H Story, Ko Machida s’est aussi imposé, depuis le milieu des années 90, comme l’un des auteurs les plus singuliers de la littérature japonaise contemporaine. Troisième de ses romans traduits en français, après Tribulations avec mon singe en 2003 et Charivari un an plus tard, Punk samouraï témoigne, sous ses dehors de farce médiévale, d’un talent aussi iconoclaste que percutant. Ayant un jour assassiné un pauvre hère ayant eu le seul tort de croiser sa route en compagnie de sa fille aveugle, Kakari Jûnoshin, un samouraï errant, se voit contraint, afin de justifier son geste auprès des autorités du fief de Kuroae, d’imaginer un complot ourdi par une secte mystérieuse, les agitateurs de l’épigastre (ou, dit plus crûment, les secoueurs du ventre). Et de se présenter comme le rempart providentiel contre la menace que ces derniers feraient peser sur l’ordre social, mensonge outrancier qui, s’il a le don d’abuser ses interlocuteurs, semble aussi bientôt se matérialiser… La suite est à peine moins délirante, Machida cultivant un sens aiguisé du nonsense qu’il déploie dans un récit échevelé, nourri de dialogues absurdes relevés d’anachronismes de langage et de situations (l’on ne s’étonne guère, par exemple, d’y croiser Frank Zappa), variations stylistiques et autres audaces narratives. Soit, écrit à rebours des conventions, un roman d’une stimulante liberté, tirant son contexte historique vers le fantastique le plus ébouriffant, mais pas moins grinçant pour autant…

De Ko Machida, éditions Actes Sud, traduit du japonais par Patrick Honnoré, 400 pages.

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