Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

LE DEUXIÈME VOLUME DE LA QUASI-INTÉGRALE WERNER HERZOG NOUS PLONGE AU COEUR D’UNE OEUVRE UNIQUE, EXTRAORDINAIRE.

Werner Herzog, volume 2: 1976-1982

ED: POTEMKINE. DIST: TWIN PICS.

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L’homme et son oeuvre sont assurément hors-normes! Werner Herzog est une personnalité comme le 7e art n’en compte que très peu. Un aventurier de l’image mais aussi et surtout de la vie, dont chacun des tournages représente une mission, avec pour certains d’entre eux une grande prise de risque, créatif mais aussi parfois physique… Ses films, qu’ils empruntent les chemins de la fiction ou du documentaire, visent toujours cette « expérience des limites » dont le natif de Munich aime parler. Interrogé sur le pourquoi de tel ou tel projet, Herzog pourrait faire la réponse que l’alpiniste Reinhold Messner lui adresse dans Gasherbrum, la montagne lumineuse (1) quand il lui demande pourquoi il va tenter l’ascension -inédite- de deux sommets de 8000 mètres à la suite: « Mon être tout entier est la réponse. »

Réalité des rêves

Exemple admirable d’édition numérique, la presque intégrale mise en oeuvre par Potemkine avec la complicité d’Agnès B offre dans son volume 2 abondante matière à émerveillement. Le coffret reprend l’essentiel des films tournés par Herzog entre 1976 et 1982, c’est-à-dire de Coeur de verre (avec ses interprètes jouant sous hypnose!) à Fitzcarraldo (avec son Klaus Kinski halluciné, un bateau franchissant une montagne et un tournage aux aléas terrifiants). On y retrouve aussi avec grand bonheur La Ballade de Bruno et son incroyable acteur Bruno S., qui joua le rôle titulaire dans le génial L’Enigme de Kaspar Hauser. Et deux autres collaborations avec l’intense et délirant Kinski: Nosferatu, fantôme de la nuit et Woyzeck. Les nombreux suppléments donnent largement la parole à Herzog. On découvre ainsi qu’il n’écrit ses scénarios (« fiévreusement, en cinq ou six jours maximum« ) qu’une fois que le film lui « apparaît clairement, entièrement, dans la tête« . Et qu’il « n’a jamais cherché un sujet de film« , qu’il est simplement « tombé dessus« . Le cinéaste fascine quand il parle de « l’illusion de la réalité » et de « la réalité des rêves« . Et il est aussi convaincant qu’habité lorsqu’il nous invite avec ferveur à « voir des images ayant plus de sens que celles qui s’accumulent autour de nous« . Ou qu’en artiste de l’extrême, il assène cette profession de foi vorace: « Je ne veux pas vivre dans un monde où il n’y aurait plus de lions, ou de gens comme des lions!« . Rendez-vous en septembre pour le volume 3, qui couvrira les années 1984 à 1999!

(1) UN DOCUMENTAIRE DE 1984 QUI EST REPRIS SUR UN DVD INTITULÉ LES ASCENSIONS DE WERNER HERZOG. Y FIGURENT AUSSI LA SOUFRIÈRE (ÉGALEMENT PRÉSENTE DANS LE COFFRET ÉVOQUÉ CI-DESSUS) ET LA GRANDE EXTASE DU SCULPTEUR SUR BOIS STEINER (PRÉSENT DANS LE VOLUME 1).

LOUIS DANVERS

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