ILS SORTENT SURTOUT EN ÉTÉ, RENIFLENT LES INNOMBRABLES PROGRAMMES MAIS REFONT SOUVENT LE PÈLERINAGE AUX SOURCES DES PREMIÈRES SENSATIONS. ON EN A DÉBUSQUÉ 4 À TITRE D’ÉCHANTILLON, SANS VALEUR SCIENTIFIQUE.

Loïc, 21 ans, étudiant, Metal Guru

La toute première fois? Le Graspop en 2004, j’avais 14 ans et j’y suis allé avec mon groupe de metal, Gens Perversa, et des amis un peu plus âgés, approchant la vingtaine. On est arrivés avec nos tentes et nos bacs de bière, plus notre sono pour qu’on puisse mettre nous-mêmes de la musique au camping. Qui était un peu trash: cela commence à boire au réveil, ou presque. J’ai vu Iron Maiden, un tout gros souvenir de show de malade…

Le prix du plaisir? D’un festival, j’attends surtout le divertissement, c’est un peu les vacances, il faut une bonne affiche et des groupes qui jouent à l’heure. Seuls les petits festivals tentent de rester démocratiques et je n’irai jamais à Werchter, c’est contre mes principes. Tu peux aller au Heineken Open Air, c’est gratuit. Mais c’est en Pologne ( sourire).

Le plus exotique? J’ai eu ma période Dour que je n’ai fait qu’une fois en entier. J’aime le mélange social, l’idée que des gens différents se fréquentent parce qu’ils attendent devant la même scène.

L’expérience ultime? Le groupe Testament, au Graspop, qui a fait monter tout le monde sur scène. Ou alors un tout petit festival underground, le Kill-Town Death Fest à Copenhague, avec plein de groupes qui n’ont pas encore d’albums: tout le monde dort dans la salle, musiciens et festivaliers. Et en plus, c’est végétarien, ce qui est bizarre dans une ambiance metal!

Margaux, 22 ans, réfléchit à son avenir, Voyageuse

La toute première fois? J’avais 16 ans et je suis allée à Dour avec une quinzaine d’amis. Ma mère était réticente mais elle a accepté parce que je partais avec 2 amies d’enfance qu’elle connaissait. On est arrivés la veille du festival qu’on vivait aussi la nuit, allant se coucher à 6 heures du matin. Il y avait pas mal de drogues et d’excentricité: un mec qui se prenait pour un lapin, sautait partout dans le camping. A Dour, j’ai trouvé les musiques que j’aime, l’électronique, le reggae, et c’est là que j’ai découvert la drum and bass.

Le prix du plaisir? A un moment, Dour augmentait le pass de 10 euros chaque année ( sic), au début cela me coûtait 60 ou 70 euros avec le camping, maintenant, on dépasse la barre des 100 euros et on peut rajouter la même somme pour la nourriture et les boissons.

Le plus exotique? Là, je reviens d’Australie où j’ai passé 6 mois. Je suis allée au Rainbow Serpent Festival, entre Melbourne et Sydney, qui fait dans la Goa Trance. Il n’y a pas de barrière, juste la forêt qui délimite le festival, l’esprit général est plus cool, on ne vole pas dans les tentes, contrairement à Dour. Et puis en Australie, les chiottes sont bios, tu mets ton compost et cela ne sent pas!

L’expérience ultime? C’est à Dour que j’ai rencontré mon copain, une amie m’avait dit qu’il avait une place dans sa tente…

Nancy, 46 ans, prof, Roots et famille

La toute première fois? Simple Minds et U2 sur les épaules d’un pote à Werchter, je devais avoir 18 ou 19 ans. Je suis venue de mon village près de Verviers avec mes copains du lycée: sensation de belle liberté, souvenirs de pastèques coupées en morceaux. Un truc communautaire, très baba: tu bouffes de la merde mais elle est bonne quand même parce que tu es avec les gens. J’aime aussi l’idée d’être en plein air même si je me fais rincer la gueule!

Le prix du plaisir? En 10 ans, le pass pour Couleur Café a explosé, donc je n’y vais plus ou alors juste une journée. Les places de festivals, c’est devenu des cadeaux que l’on se fait moi et mes 3 enfants pour nos anniversaires respectifs. On va aux festivals en famille: ma fille Louise a fait ses premiers pas au Pukkelpop sur fond de Pogues…

Le plus exotique? Un tout petit, bio et acoustique, L’amour en Vers, organisé par l’asbl L’R de rien ( sic) dans une ferme pas loin de Louvain-la-Neuve, avec plein d’artistes pas connus, un peu roots. C’est gratuit et à la fin, ils passent avec le chapeau.

L’expérience ultime? J’aime bien regarder, je suis une atroce voyeuse, j’aime voir les gens qui se rencontrent, qui dansent, les couleurs, sentir les odeurs. Sans parler de transmission avec mes enfants: il n’y a pas eu de césure entre eux et moi, ils ont grandi dans les festivals et je ne me sens pas encore déclassée… Chaque année, je vais aux Francofolies de Spa, surtout au Village Francofou, mais avec un certain nombre de gens, on se plante sur les marches de la Place de l’Hôtel de Ville, pour écouter à l’£il le groupe qui joue. D’où l’on se fait systématiquement déloger par la police…

Patrick, 51 ans, policier fédéral, Rock Classics

La toute première fois? J’étais déjà allé à des concerts bien sûr mais mon premier festival, c’était à Torhout avec Peter Gabriel et Eurythmics, en 1987. J’ai été subjugué par le grandiose de Gabriel que je suis retourné voir à Gand par après. Torhout était plus convivial que son jumeau Werchter (1). La plaine était superbe, avec la scène en contrebas: un beau site…

Le prix du plaisir? Je suis volontaire à Couleur Café depuis 13 ans, mais je suis plutôt rock dans mes goûts, donc cela passe par Werchter où je ne suis plus régulier, à cause des prix. Mais l’année dernière, je voulais absolument voir Muse, donc j’ai payé un jour de Werchter, l’équivalent de 3 jours à Couleur Café! Le flot de groupes ne me tente pas plus que cela même si ce n’est pas désagréable de faire des découvertes.

Le plus exotique? Pas le camping: même si j’ai été scout, je préfère me crasher dans mon pieux. Non, c’est toujours la même raison qui me pousse à fréquenter les festivals: assouvir ma passion musicale. Même si je fréquente le Spa Tribute Festival (festival de cover-bands en juillet), je ne suis pas resté bloqué au compteur des 70’s, j’aime Coldplay, Muse et aussi Selah Sue…

L’expérience ultime? Mettre des vélos dans une grosse voiture avec mon pote Thierry pour se rendre à Werchter. Se garer où c’est cool, et puis arriver sur le site et découvrir que le parking à vélos a déménagé. Sinon, au festival, je suis festivalier, pas flic, sauf si un gros délit se passe devant moi, qui m’oblige à réagir. Je parle pas d’un joint hein…

u (1) ENTRE 1977 ET 1998, TORHOUT LE SAMEDI ET WERCHTER LE DIMANCHE PRÉSENTAIENT LA MÊME AFFICHE SUR LEUR LIEU RESPECTIF.

TEXTE ET PHOTOS PHILIPPE CORNET

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