Pour qui sonne le glam – Glam rock: splendeur et décadence

Marc Bolan © No One Prod/ ARTE

 » Cette idée que la pop doit dériver du glamour -viser le sensationnel, l’extraterrestre, l’hystérie au sens propre comme au figuré- et crée un espace où le sublime et le ridicule sont inextricables m’a toujours fasciné » , écrivait l’auteur Simon Reynolds dans l’introduction de son ouvrage Shock and Awe: Glam Rock and Its Legacy. C’est cette fois, après avoir brossé un portrait intimiste d’Étienne Daho, l’ancien journaliste des Inrocks Christophe Conte qui se penche sur la question. Il étudie cette déferlante inattendue, sexy, androgyne et extravagante qui a bouleversé le monde de la musique au début des années 70, dans un orgasme de paillettes et de sons électrisants.

L’éclosion du courant est liée à la télé, où la musique fait à l’époque de plus en plus de bruit. L’industrie est orpheline des Beatles, de Janis Joplin, de Jimi Hendrix. L’immortalité est un leurre. Même l’idéal hippie a trépassé. Dépourvu de contenu politique, le glam va vendre du rêve dans des combinaisons scintillantes sur talons compensés. Révolution cosmique et cosmétique. Insouciance et travestissement. L’heure est à la showbizification du rock et de sa mise en scène. Version ironique, tordue et exagérée du glamour, le glam peut se scinder en deux parties, postule Conte. Celui qui réinvente le rock et celui des boys next door tout en mascarade de mascara. C’est évidemment sur les premiers que se focalise son remarquable documentaire. Le boogie rock sur platform shoes et le charisme érotique de T-Rex, le transformisme de David Bowie qui, sous les traits de Ziggy Stardust, redéfinit la pop star… Puis aussi Roxy Music, Gary Glitter, Suzi Quatro et les Sparks, quelque part entre pop euphorique et comédie musicale. Comme il l’a toujours fait avec ses articles, Conte contextualise, passe plein d’à-propos de la petite à la grande Histoire. Il cherche les origines du mouvement chez Little Richard, les Beatles et les Kinks. Explique pourquoi Lola (l’histoire d’un jeune garçon qui tombe en pamoison devant un transsexuel) est sans doute le premier hit glam. Explore le côté plus hard (Alice Cooper) de la force. Se promène à sa lisière en compagnie d’Elton John et de Freddie Mercury. Et évoque sa commercialisation (du glam bubblegum au cinéma et au fabuleux Rocky Horror Picture Show). Porté par la voix de Rebecca Manzoni (journaliste de France Inter), d’incroyables images d’archives et de vieilles interviews (de Marc Bolan, Bryan Ferry et autre Brian Eno), ce Splendeur et décadence raconte la parenthèse enchantée qui a précédé le punk. Une revendication égoïste, flamboyante et assumée de son image. Get It On…

Documentaire de Christophe Conte.

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