Portrait de la jeune fille en feu

Trois ans après avoir ponctué sa trilogie adolescente sur un Bande de filles électrisant, Céline Sciamma investit le cinéma d’époque à la faveur de Portrait de la jeune fille en feu, un film dont le titre, sublime, porte déjà la promesse d’un embrasement des sens. Soit, dans le cadre corseté de la France de la fin du XVIIIe siècle, l’histoire de Marianne (Noémie Merlant) et Héloïse (Adèle Haenel), la première débarquant ses toiles sous le bras dans une île de Bretagne pour y peindre à son insu le portrait de mariage de la seconde, guère plus disposée à servir de modèle qu’à se prêter à ces noces arrangées. Et l’artiste d’être présentée comme dame de compagnie, un étrange ballet, affaire de regards autant que de paroles, unissant bientôt la peintre et son modèle, avant que le désir ne s’y insinue et bientôt la passion, incandescente. Cet élan, Céline Sciamma l’épouse jusqu’au vertige, se libérant des contraintes de l’époque dans un film-tourbillon qui donne à cette relation amoureuse naissante des contours à la fois pudiques et sensuels, lyriques et politiques, modernes et intemporels. Elle pose, ce faisant, un geste de cinéma de toute beauté, établissant encore, avec le concours de deux comédiennes touchées par la grâce, une stimulante sororité. Inexplicablement snobé par les récents César (à l’exception de la directrice de la photographie Claire Mathon), il y a là un pur chef-d’oeuvre, un ravissement pour l’esprit et les sens. En plus du commentaire fouillé de la réalisatrice, le DVD propose une passionnante rencontre avec l’artiste Hélène Delmaire, la peintre derrière Portrait de la jeune fille en feu, qui raconte son expérience sur le film, de l’invitation de Céline Sciamma, qui cherchait une artiste contemporaine et non une copiste, à l’exécution des toiles.

De Céline Sciamma. Avec Adèle Haenel, Noémie Merlant, Luana Bajrami. 1 h 56. Dist: Cinéart.

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