ACTRICE ÉCLECTIQUE, PERNILLA AUGUST PASSE À LA RÉALISATION AVEC BEYOND, UN DRAME QUI CONFRONTE UNE JEUNE FEMME À SON DOULOUREUX PASSÉ FAMILIAL.

Lorsqu’on la retrouve dans le brouhaha d’un salon vénitien, elle commence, trop modeste, par s’excuser pour son anglais, fort honorable au demeurant. Son CV est d’ailleurs là pour nous rappeler que Pernilla August a joué dans les épisodes 1 et 2 de la saga Star Wars, où elle incar- nait Shmi Skywalker, la mère de Anakin. « J’étais tellement nerveuse, en débarquant de Suède, se rappelle-t-elle à l’évocation de cette expérience. J’avais des complexes à cause de mon anglais, comme maintenant, mais George Lucas m’a rassurée en me disant: « Ne t’en fais pas, elle vient d’une galaxie suédoise.  » D’un seul coup, je me suis détendue. George est quelqu’un de très doux, et il sait faire preuve de la psychologie voulue avec ses acteurs.  »

L’ombre de Bergman

Actrice, Pernilla August l’a été avec bonheur, plusieurs décennies durant. On la découvrit chez Ingmar Bergman, dans Fanny et Alexandre. Avant de la retrouver, 10 ans plus tard, en 1992, devant la caméra de celui qui était entre-temps devenu son mari, Bille August, pour The Best Intentions, sur un scénario de Bergman encore, avec un prix d’interprétation cannois à la clé. Et puis, petit à petit, de films en pièces de théâtre, l’envie de passer à la réalisation a pris corps: « Je voulais faire travailler une autre partie de mon cerveau », sourit-elle. Le résultat, c’est Beyond, un film âpre, adapté d’un roman de Susanna Alakoski, « un livre très dur, et même horrible en un sens, mais qui vous touche droit au c£ur.  » On y suit Leena (Noomi Rapace, révélée par Millenium), une jeune femme qu’un appel téléphonique annonçant la mort imminente de sa mère va forcer à replonger dans un passé houleux, lorsque, enfant, elle assistait impuissante à l’implosion violente de la cellule familiale, sous le double coup de l’aliénation et de l’alcoolisme. « Je n’ai pas rencontré de tels problèmes dans mon existence, mais le ton de l’histoire me parlait, et je peux me retrouver dans cette petite fille et dans sa façon de réagir, de même que dans le travail de Noomi.  » L’actrice est, il est vrai, criante de vérité dans l’expression d’une sensibilité à fleur de peau. « J’ai veillé à impliquer les acteurs dès l’écriture du scénario, pour que ce soit le nôtre, et non le mien uniquement, explique-t-elle encore. On s’est notamment demandé jusqu’où on pouvait aller, dans le rendu de cette réalité crue, avant de décider d’aller le plus loin possible.  » Inconfortable, le résultat n’en est aussi que plus fort…

S’agissant également d’explorer la famille, et puis le couple, le retour de passé sapant les fondements du présent, on lui demande encore dans quelle mesure l’ombre de Bergman a plané sur son film: « Je lui avais montré mes premiers courts métrages, et il m’avait dit qu’ils comptaient trop de close-up. C’est donc quelque chose que j’avais à l’esprit (rires) . Je pense souvent à lui, un peu comme si nous avions des conversations. «  Quant à son avenir? « J’ai adoré cette expérience, qui s’est révélée plus difficile mais aussi plus amusante que je ne l’avais imaginé. Mais là, j’ai soif de rejouer au cinéma… « 

u BEYOND, DE PERNILLA AUGUST. AVEC NOOMI RAPACE, OLA RAPACE, TEHILLA BLAD. 1 H 34. SORTIE: 30/11.

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS, À VENISE

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