Critique

[Critique ciné] The Invisible Man: pas vu, pas pris?

© DR
Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

L’Homme Invisible en époux abusif, dans un thriller efficace mais sans grande surprise, où brille Elisabeth Moss.

Dominée, surveillée, opprimée, enfermée, étouffée, abusée. Cecilia Kass (Elisabeth Moss) n’en peut plus de subir le joug d’un riche époux pervers et narcissique. Une nuit, elle drogue Adrian et se glisse hors du lit, s’habille en silence et quitte subrepticement la spectaculaire villa ultra-moderne en bord de mer qui est devenue sa prison dorée. Sa soeur l’attend sur une route proche et l’installe chez un ami policier. Mais la fugitive tremble à l’idée qu’Adrian la retrouve, et ose à peine sortir. Quelque temps plus tard, elle apprendra son suicide. Mais le mari abusif est-il réellement mort? Ce magnat de l’optique, qui se livrait dans son laboratoire à de mystérieuses expériences, n’a-t-il pas plutôt feint son suicide pour mieux tourmenter son épouse en fuite? Il ne faut pas avoir vu des centaines de thrillers horrifiques pour soupçonner qu’Adrian est toujours vivant, et qu’il a pu mener à leur terme ses recherches sur une combinaison rendant invisible. L’enjeu est ailleurs, dans le récit paranoïaque des menaces sans visage se multipliant autour de Cecilia, sans que personne ne la croie quand elle se dit attaquée. Avec pour conséquence de la placer progressivement elle-même dans la position de suspecte, son tourmenteur invisible commettant des actes terribles qui lui sont attribués…

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

H.G. Wells et après

The Invisible Man version 2020 vaut surtout pour l’étourdissante solo prestation d’Elisabeth Moss. Déjà éblouissante dans les séries The Handmaid’s Tale (La Servante écarlate), Mad Men et Top of the Lake, l’actrice confirme un talent fou et multiforme qui lui permet de passer aisément, dans le film, de la passivité craintive à l’assurance vengeresse, du statut de proie à celui de prédatrice. Un tour de force défiant les limites d’un produit efficace mais dépourvu de mystère authentique. Le réalisateur et scénariste australien Leigh Whannell (qui a écrit plusieurs épisodes de Saw et d’Insidious) ne nous propose pas la plus excitante évocation du mythe de l’homme invisible engendré à la toute fin du XIXe siècle par H.G. Wells dans son remarquable roman de science-fiction. Plusieurs adaptations plus ou moins fidèles en furent réalisées, celle de James Whale en 1933, portant simplement le titre du livre, reste la plus marquante. Hollow Man de Paul Verhoeven (2000), Memoirs of an Invisible Man de John Carpenter (1992) et The Amazing Transparent Man de Edgar G. Ulmer (1960) étant les plus inattendus d’une suite de 20 films répertoriés. Une liste où le nouveau The Invible Man, qui ne prend que le prétexte du thème wellsien tout en féminisant le point de vue, devrait occuper une place assez mineure.

Thriller/science-fiction. De Leigh Whannell. Avec Elisabeth Moss, Oliver Jackson-Cohen, Harriet Dyer. 2h05. Sortie: 04/03. ***

[Critique ciné] The Invisible Man: pas vu, pas pris?

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content