CHANNING TATUM EN IMPOSE SOUS LES TRAITS DU LUTTEUR MARK SCHULTZ, COLOSSE AU MENTAL D’ARGILE, AU CoeUR DE FOXCATCHER…

« Un jour que j’étais cloîtré à la maison, malade, mon père m’a proposé de regarder Cool Hand Luke. « Si tu veux savoir ce que signifie le fait d’être cool, il faut que tu voies ce type », m’a-t-il dit. J’étais réticent, il s’agissait, à mes yeux, à peine d’un film en couleurs. Mais il a ajouté que si je refusais, il me renverrait à l’école. Et je suis tombé amoureux de Paul Newman… » Petite cause, grands effets: à compter de ce moment, raconte Channing Tatum, le cinéma est devenu une véritable obsession. Si bien que c’est naturellement, ou presque, qu’il a fini par devenir acteur: « Au début, j’y voyais quelque chose de cathartique, un processus d’exploration qui me faisait du bien. Ma vision s’est élargie par la suite. »

A bientôt 35 ans, le natif de Cullman, Alabama, aligne, l’air de rien, un parcours déjà appréciable. Découvert sur les pistes de Step Up (il a depuis convolé avec sa partenaire, Jenna Dewan), Tatum devait ensuite se multiplier, apparaissant chez Michael Mann le temps de Public Enemies, puis dans quantité de films d’action (entrecoupés de romances) auxquels le prédestinait, il est vrai, un physique mastoc, exploité de Battle in Seattle en Fighting et autre G.I. Joe. Une disposition qu’un Steven Soderbergh saurait mettre à profit dans Haywire puis Magic Mike, avant que la franchise 21 Jump Street n’y ajoute un grain de comédie. Cette physicalité, elle imprègne encore Foxcatcher, le film de Bennett Miller où l’on retrouve Channing Tatum dans le rôle d’un lutteur manipulé par un (trop) généreux mentor. « J’ai toujours aimé le mouvement et les activités physiques, observe l’acteur. J’ai joué au football pendant dix ans, et j’ai toujours pratiqué des arts martiaux. Mais je n’ai jamais rien fait d’aussi dur ni intense que la lutte, même si Foxcatcher n’est pas qu’un film physique: la lutte y sert d’arrière-plan à une relation complexe, d’une grande richesse émotionnelle. » Appréciation qu’il complète d’une description de Mark Schultz: « Mark est un individu massif mais qui, du fait de ses émotions, ressemble à un château de cartes, fragile comme une oeuf de Fabergé… » Soit un rôle complexe, auquel l’acteur a su apporter les nuances requises, au terme d’une expérience qualifiée de douloureuse. « C’est mon côté sado-masochiste », sourit-il, avant de conclure: « Je considère chaque film comme une opportunité. Peu importe qu’il s’agisse d’un gros film d’action comme Jupiter Ascending (à l’affiche duquel on peut le découvrir depuis quelques jours, ndlr) ou d’un drame intimiste comme celui-ci: j’y vois chaque fois la possibilité de montrer autre chose. Je ne veux pas m’en tenir à des produits dérivés de mes films antérieurs. » Méthode qu’il devrait bientôt mettre à l’épreuve des frères Coen dans Hail, Caesar!

J.F. PL.

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