Park Life

Au coeur de Park Life, roman insolite de Shuichi Yoshida, on trouve le parc de Hibiya, oasis de calme prisée des Tokyoïtes. Et notamment du narrateur anonyme, employé solitaire en charge du marketing d’une société de cosmétiques quand il ne s’occupe pas de Lagerfeld, le ouistiti confié, avec les clés de leur appartement, par un couple d’amis « partis de chez eux, avec chacun ses raisons ». Un jeune homme quelque peu excentrique que l’on découvre lorsqu’un « petit happening » survenu dans le métro l’amène à échanger furtivement avec une inconnue. Celle-là même qu’il va croiser à nouveau dans ce parc où il a pour habitude de prendre des pauses-déjeuner propices à laisser vagabonder ses pensées, assise sur un banc donnant sur la mare de Shinji. « Tandis qu’elle parlait, son étrange voix me charmait. Et plus que son timbre de voix, l’attirance de cette tessiture. » Mais s’il y a là, bientôt, l’ébauche d’une relation, les contours en restent incertains, à l’image de leurs conversations, comme suspendues à des lieux communs n’excluant pas les raisonnements singuliers… De cette trame minimaliste, Yoshida tire un roman urbain au charme discrètement entêtant, s’insinuant avec bonheur dans les interstices d’un quotidien sur lequel il porte, au fil des associations d’idées, un regard subtilement décalé. L’on y verra une invitation à se lover dans les temps creux de l’existence, faisant de ce court opus, paru initialement en 2007 et ressortant aujourd’hui dans une version aérée par les illustrations d’Émilie Protière, un pur enchantement.

De Shuichi Yoshida, illustré par Émilie Protière, éditions Picquier, Traduit du japonais par Gérard Siary et Mieko Nakajima-Siary, 112 pages.

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