Parcels déployé
Parrainés par Daft Punk, les Australiens sortent un premier album disco-pop organique, sous influences, certes, mais pas sans sentiments.
Plus que jamais, la pop est devenue un continuum flou, un paysage où se brouillent toutes les étiquettes et toutes les époques. Prenez les Parcels par exemple. La moitié du groupe a frayé dans le folk, tandis que l’autre s’est frappée au métal, mais c’est bien dans la pop la plus soyeuse qu’ils se lovent aujourd’hui. Par ailleurs, ils ont beau avoir à peine engagé la vingtaine (22 ans de moyenne), ils donnent l’impression de sortir tout droit de la fin des années 70/début des années 80, entre disco distancé et pop soignée. De là à croire au coup monté de toutes pièces, il n’y a qu’un pas. Il est d’autant plus facile à franchir que les Parcels ont pu faire chauffer le baromètre de la hype ces derniers mois. Certes, sur scène, le groupe a prouvé avec des shows hautement euphorisants qu’il n’était pas une création marketing. Malgré tout, on allait voir ce qu’on allait voir: un premier album n’était pas de trop pour dissiper les derniers doutes…
Sources avouées, à moitié pardonnées
À l’origine, le quintet formé par Louie Swain, Patrick Hetherington, Noah Hill, Toto Serret et Jules Crommelin vient d’Australie. Basé désormais à Berlin, le groupe a déjà lâché deux premiers EP: Cloakscared en 2015, et Hideout l’an dernier. Rattachés à l’écurie parisienne branchouille Kitsuné, les Parcels ont même eu droit à un logo dessiné par Alex Courtès, clippeur et concepteur des casques de Daft Punk. Mieux: pour le morceau Overnight, les Parcels ont directement pu collaborer avec le duo superstar français. Une fabuleuse mise en lumière ou un parrainage susceptible de gonfler les attentes de manière démesurée, c’est selon…
Avec leur premier album, les Parcels montrent pourtant que, loin de la frime, ce qu’ils préfèrent avant tout, c’est une musique sensible et organique. À la manière d’un groupe comme Jungle ou des Français de L’Impératrice, avec lequel ils ont collaboré, les Australiens vantent une pop chaude et luxuriante, où l’électronique vient à peine troubler les textures analogiques. Pas de second degré ironique ici: la pop des Parcels se veut diffuse et rêveuse ( Yourfault). Ce qui ne veut pas dire qu’elle a freiné ses ambitions -voire par exemple les huit minutes tarabiscotées d’ Everyroad. Mais plus souvent qu’à son tour, elle joue à hauteur de sentiments, lorgnant ici et là sur les harmonies élégiaques des Beach Boys (au hasard, Bemyself). En la matière, Parcels ne peut évidemment cacher ses sources. Difficile de ne pas penser à la soul FM hyperléchée de Steely Dan sur Exotica. Ni d’imaginer que Tieduprightnow doit beaucoup à Nile Rodgers, le morceau sonnant comme du Chic mélancolique.
De ces influences, les Parcels réussissent heureusement à faire des alliés, les fondant dans une vision musicale disco-pop décomplexée, dont on ne pensait pas qu’elle puisse se révéler si attachante. Alors, certes, Parcels ne résout pas tous ses paradoxes, mais le groupe ne laisse heureusement pas beaucoup de doutes sur la sincérité de la démarche.
Parcels
« Parcels »
Distribué par Caroline/Because. En concert le 21/11, au Botanique.
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