Parce que les fleurs sont blanches

Kees et Klaas sont jumeaux. Avec leur petit frère Gerson, ils désignent fréquemment une cible puis tentent de la rejoindre les yeux fermés. Ils ont surnommé ce jeu « Noir ». Depuis que leur mère est partie avec un étranger en Italie, ces trois-là, avec leur père Gerard et le Jack Russell Daan, tentent de garder le cap, non sans flancher quelques fois. Qui leur jetterait la pierre d’essayer de localiser via des cachets de la poste baveux celle qui n’envoie que des cartes postales? De vouloir faire un crochet par la Botte en vacances? Un jour qu’ils transitent chez Jan et Anna, les grands-parents paternels, à « quatre hommes dans une vieille guimbarde », ils débattent sur la couleur des fleurs des vergers. Au carrefour suivant, l’accident survient. Si tous s’en sortent avec des fractures ou des contusions, pour Gerson, qui était assis à la place du mort, la situation est beaucoup plus grave. S’il plaisante au réveil sur l’ablation de sa rate, il est certain en revanche qu’il ne recouvrira plus la vue. Sans pathos ni fanfaronnade ou mutisme, Gerbrand Bakker nous invite à pas feutrés dans une fratrie qui se compose, se recompose, se décompose. Dans ce quasi hors-temps pudique où il situait déjà Là-haut tout est calme, les élans les plus tendres comme les plus tragiques peuvent survenir. Parce que les fleurs sont blanches est donc un texte qui vous maintiendra longtemps enlacés dans cette oscillation contradictoire mais pas irréconciliable entre « c’était beau » et « c’était triste ». Mais sans doute qu’après la lecture, il fera néanmoins un peu moins nuit tout autour.

De Gerbrand Bakker, éditions Grasset, traduit du néerlandais par Françoise Antoine, 270 pages.

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