Par la forêt

Heureux, toi qui, la porte de ton nid douillet franchie, as oublié ta journée de travail. Bien installé dans ton canapé, tu déconnectes en te plongeant dans une série policière cornichonne et ô combien délicieuse. Mais pour le vrai flic, la réalité peut être toute différente. Le risque de ramener les casseroles à la maison est grand.

C’est ce qui arrive à une jeune enquêtrice dont nous ne connaîtrons pas le nom. Elle n’arrive tout simplement pas à se sortir de la tête la première affaire sur laquelle elle a travaillé: la disparition d’une joggeuse jamais retrouvée. La policière va jusqu’à habiter l’appartement de la jeune femme, situé juste à la lisière de la forêt dans laquelle elle a disparu. Les bandes dessinées de Jean-Christophe Chauzy ont pris un tour beaucoup plus sombre ces derniers temps. Après une très dure série sur l’apocalypse, il signe avec Anthony Pastor ce polar non moins noir. Les deux auteurs nous font partager la descente aux enfers d’une enquêtrice obsédée qui perd pied avec la réalité. Le scénario se focalise essentiellement sur l’après-journée de boulot, lorsque la policière arpente la forêt à la recherche d’indices depuis longtemps effacés. Cette obsession déteint également sur la relation de plus en plus compliquée qu’elle entretient avec son coéquipier. Histoire de donner un peu d’épaisseur aux personnages, on entraperçoit les autres affaires sur lesquelles ils bossent tous les deux. Le dessin de Chauzy à l’aquarelle est superbe. Il joue admirablement avec les couleurs automnales chaudes et les camaïeux de bleus profonds pour les ambiances nocturnes. Ne regrettons pas trop le Chauzy rigolo, le plombant vaut également le détour.

Par la forêt

De Jean-Christophe Chauzy et Anthony Pastor, éditions Casterman, 160 pages.

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