Out of South Africa

© TSELISO MONAHENG

Après avoir ausculté celles de Londres et de Melbourne, le label de Gilles Peterson invite à découvrir la bouillonnante scène jazz de Johannesburg.

Il y a trois ans, Brownswood Recordings, le label anglais fondé en 2006 par Gilles Peterson alors inspiré par les Brownswood Basement Sessions qu’il enregistrait tous les trois mois pour la BBC, sortait la compilation We Out Here. Aidé par le génial saxophoniste Shabaka Hutchings, Peterson y proposait un voyage trépident au coeur du jazz underground londonien. Entre expérimentation sonore et brassage des genres, métissages culturels et improvisations folles, We Out Here mettait entre autres en lumière les talents de Moses Boyd, Nubya Garcia, Kokoroko, Ezra Collective et Joe Armon-Jones. La plupart n’ayant à l’époque même pas encore sorti le moindre album.

En 2019, le producteur avait filé pour l’Australie et embauché neuf formations afin de résumer en une semaine d’enregistrement la bouillonnante ville de Melbourne. Sunny Side Up avait été chaperonné par Nick Herrera, ingénieur du son et membre d’Hiatus Kaiyote, influent groupe de la scène jazz locale. Cette année, c’est du côté d’une autre scène méconnue, celle d’Afrique du Sud et plus particulièrement de Johannesburg, que se penche la maison de disque londonienne. Peterson n’a pas fait appel à Shabaka qui connaît bien les lieux et leur jazz (son groupe The Ancestors est sud-africain et figure sur la compile) pour le guider dans ces nouvelles pérégrinations. Il a confié cette excitante tâche au pianiste Thandi Ntuli et au chanteur Siyabonga Mthembu.

Out of South Africa

Politique et spirituel

L’histoire de la ville est forcément chargée. Qu’on parle de métissage culturel ou de lutte historique. Titre d’ouverture de l’album signé par le pianiste et compositeur Bokani Dyer, Ke Nako (« Le moment venu ») fait référence au slogan utilisé pour amener les électeurs aux urnes lors de la première élection post-apartheid. Il interroge l’identité et le futur des habitants pendant sept petites minutes d’un jazz incantatoire.

Profitant d’un déconfinement estival en cette année 2020 comme partout mouvementée, Ntuli et Mthembu ont dirigé les sessions d’enregistrement en banlieue de la ville, laissant les musiciens improviser pour mieux refléter une créativité qui fait fristouiller le jazz et les musiques traditionnelles. The Brother Moves On (un clin d’oeil au tueur à gages Brother Mouzone de The Wire), le trompettiste Lwanda Gogwana, le guitariste Sibusile Xaba ou encore The Wretched (sur le plus sauvage What Is History) participent entre autres à ce voyage au pays des Springboks.

Indaba Is se sert du jazz comme d’un tremplin pour entrer dans la diversité musicale sud-africaine. Un discours artistique, politique et spirituel vivifiant qui explore les notions de communauté, d’héritage et d’esprits.

Divers

« Indaba Is »

Distribué par Brownswood/NEWS.

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