S’ADRESSANT AUX KIDS, LA NOUVELLE SAGA DES CRÉATEURS DU PROFESSEUR LAYTON N’EN DEMEURE PAS MOINS MALIGNE ET SENSIBLE.

Yo-kai Watch

ÉDITÉ PAR NINTENDO ET DÉVELOPPÉ PAR LEVEL-5, ÂGE: 7+, DISPONIBLE SUR NINTENDO 3DS.

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La chasse aux insectes est un sport national chez les enfants japonais. Armés d’un filet à papillons et d’une cage aux barreaux de plastique, ces derniers parcourent chaque été champs et forêts à la recherche du plus beau lépidoptère ou du plus gros coléoptère. « Attrapez-les tous. » L’irrépressible succès des Pokémon sur l’archipel n’est pas étranger à ce phénomène culturel et entomologiste. Comptant huit magasins spécialisés au Japon, la saga qui a plusieurs fois sauvé Nintendo de la déroute financière cède aujourd’hui sa place à Yo-kai Watch.

Cartonnant depuis trois ans et autant d’épisodes en terres nippones, la série gaming déclinée en manga et en anime essaime pour la première fois ses monstres en Europe cette année. Peu importe qu’il s’adresse à un public jeune, ce jeu de rôle light développé par les créateurs du Professeur Layton et de Ni no Kuni capture tous les gamers dans ses filets, dès ses premières minutes. Dans la peau d’un écolier capable de voir des fantômes, le joueur épluche ainsi des tranches de vie de l’au-delà attachantes et cohérentes.

S’explorant comme un pseudo monde ouvert, les rues très colorées de Grandville cachent ainsi des zones d’ombre brossées avec délicatesse. Tel Don Quichotte, Jibanyan affronte ainsi des camions à un feu rouge pour regagner l’amour perdu de sa maîtresse. Le fantôme félin aux flammes bleues pleure sa photo qu’on lui a volée. Au domicile familial, les parents du héros de Yo-kai Watch se déchirent. Mademoiselle Lulugubre squatte les lieux et provoque la dispute. Le spectre précise que « toutes les blessures ne se voient pas » lorsqu’en tentant de le déloger, on évoque son surpoids.

Fantômes contre fantômes

Coiffé d’un second degré qui voit des monstres rater lamentablement leurs attaques, Yo-kai Watch offre donc un parfait prétexte narratif pour creuser ses ressorts ludiques. La production 3D proche d’un dessin animé demande de toujours garder un oeil sur les oscillations d’un potentiomètre détectant la présence de spectres à capturer, partout en ville. On scrute à la loupe le bas de caisse d’une voiture, les branches d’un arbre ou un amas de déchets à la recherche d’un combattant rare. Entre deux quêtes, la pêche aux monstres n’est pas rare.

Les joutes qui suivent l’éventuelle bonne pioche crépitent dans un registre classique. Le cheptel de fantômes déjà capturés sert ainsi de vivier pour composer une équipe de six compagnons dont seule la moitié sera active face aux adversaires. Le sel du gameplay est là. Disposés sur un carrousel, les personnages fantastiques peuvent ainsi battre en retraite en cas de santé trop basse. Placer côte à côte deux ou trois combattants possédant des affinités augmentera leurs pouvoirs tandis que leur position détermine la faisabilité de certaines actions comme des coups spéciaux. Certes, face à un Final Fantasy ou un Dragon Quest, le gamer a moins de prise sur le comportement des combattants. Mais avec 220 monstres qui peuvent parfois fusionner, nul doute que le titreprolongera la vie en sursis de la Nintendo 3DS.

MICHI-HIRO TAMAÏ

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