DÉBUT 81, MARVIN GAYE DÉBARQUAIT À OSTENDE ET Y PONDAIT SON DERNIER TUBE, SEXUAL HEALING. UN AUDIOGUIDE PROPOSE DE PARTIR SUR SES TRACES.

Ostende, mi-juin. A quelques jours des grandes transhumances estivales, la Reine des plages est encore en pleine opération de ravalement, de la gare à la Zeeheldenplein… Même le kiosque de la Wapenplein a été décapité: des hommes s’affairent à terre pour poncer son dôme en bois. Certaines choses ne changent toutefois pas. Sur la digue, dès 10 h du matin, les odeurs de crêperies débordent de partout, bientôt suivies de celles du poulet rôti, tandis que la Muscarstraat aligne toujours les villas 1900 décrépies. C’est probablement cet Ostende-là que Marvin Gaye a dû découvrir quand il y débarqua durant l’hiver 1981. Le « prince de la Motown » à Ostende? L’épisode a beau sembler saugrenu, il est tout sauf anecdotique: c’est dans la ville côtière que Marvin Gaye s’est relancé une dernière fois (il sera abattu par son père en 84, à la suite d’une violente dispute). C’est aussi là qu’est né Sexual Healing, son plus gros hit, pondu au milieu de la nuit, dans un appartement de la digue. Fin 1980, Gaye accumule les tuiles: il vient de divorcer, est en froid avec son label Motown, doit des sommes faramineuses au fisc américain, et plonge dès qu’il peut dans les drogues. C’est à ce moment-là que débarque Freddy Cousaert, organisateur de concert qui tient un hôtel à Ostende. Un vrai personnage qui se rend à Londres pour proposer au chanteur de l’accueillir chez lui, le temps qu’il se refasse une santé. Marvin Gaye passera ainsi plus d’un an et demi en Belgique.

Midnight love

Jusqu’ici, la ville n’avait jamais vraiment exploité le passage de la star de la soul. C’est désormais chose faite. Depuis février, elle propose une balade sur les traces de Marvin Gaye, sous la forme d’un audioguide. Au programme, une douzaine de « stations ». A chaque arrêt, deux vidéos: une principale de 4-5 minutes et un « bonus » plus court. Le matériel aligne des extraits du documentaire culte de Richard Olivier, des archives télé ( Folllies), des interventions des principaux protagonistes, filmés en 94 et plus récemment. Arno fait aussi une apparition (un passage de l’émission de la VRT Plat Préféré), tandis que le chanteur anglais Jamie Lidell lie la sauce. Le circuit passe entre autres par les anciennes écuries royales (elles abritent le club de boxe dans lequel venait s’entraîner le chanteur) ou suit un bout de la promenade Albert Ier. Il s’agit toutefois moins d’une visite de la ville que d’un prétexte pour replonger dans la fin de parcours d’un des plus grands artistes soul. Certes, le « pèlerinage » ne tient parfois pas à grand-chose -il n’y a quasi rien à voir au n°17 de la Warschaustraat, adresse où Gaye a vécu quelques mois. Mais le décor est là. Et le récit fonctionne. En l’occurrence celui d’une star déchue, hébétée, qui trouve son salut dans ce qui ressemble à un trou perdu, pour celui qui a été habitué aux extravagances d’une ville comme Los Angeles. « Il y a des tas d’autres endroits où je préférerais me trouver, confiait-il notamment. Mais aujourd’hui, c’est ici que je dois être »

MIDNIGHT LOVE DIGITAL TOUR, DISPONIBLE À L’OFFICE DU TOURISME D’OSTENDE. 5 EUROS. RÉS. CONSEILLÉE AU 059 70 11 99 OU WWW.MARVINGAYE.BE

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