Omicil volontaire

Jowee Omicil se promène en Afrique, au Venezuela, en Jamaïque et en Martinique sur un cinquième album qui aime le jazz, Bach, Mozart et le funk…

Canadien d’origine haïtienne formé au prestigieux Berklee College of Music de Boston avant de faire ses armes à New York (avec Roy Hargrove) et de s’installer à Paris (il est signé sur le label Jazz Village), Jowee Omicil est le genre de mec qui a la bougeotte et la curiosité du monde. Le cinquième album du jazzman est issu des mêmes sessions que le précédent. Flash-back. Octobre 2015, La Buissonne, près d’Avignon. Le dernier de ses quatre jours de studio, Omicil enregistre deux disques. L’un tourné vers les Caraïbes avec des compositions du clarinettiste martiniquais Alexandre Stellio et de son interprète Leona Gabriel. L’autre à la Bitches Brew de Miles Davis. « Deux heures et quart sans discontinuer avec six musiciens en rotation qui ne jouent jamais le même instrument. » Let’s Bash! et aujourd’hui Love Matters!, qu’il voulait plus posé, célèbrent leur heureux mélange.

Fils d’un pasteur fondateur de la première église évangélique à Montréal, Jowee a grandi avec le gospel, Beethoven, Vivaldi, Aznavour et Brel. Mais aussi Run DMC, Michael Jackson, les Loups Noirs et les Shleu-Shleu (des groupes haïtiens). Un éclectisme qu’il a gardé chevillé au corps. Les treize pistes (elles portent bonheur plus que malheur) de Love Matters! slaloment entre jazz, musique classique, chansons traditionnelles africaines, beats jamaïcains et sonorités carnavalesques. Thelonious Monk, Miles Davis et Anthony Joseph…

Hymne à l’amour

 » Le jazz, ça vient de la Guinée. Le jazz vient de l’Afrique. Haïti, Martinique, Guadeloupe. Partout, c’est le jazz africain » , clame Papa Kouyaté dans le clip tourné en Guinée Conakry du titre d’ouverture Mendé Lolo, avec ses sonorités lointaines et sa flûte enchantée. Cet hommage au musicien de Johannesbourg Hugh Masekela côtoie ici un chant créole ( Rara Démaré), une déclaration d’amour au trompettiste Clark Terry ( Clark), la 14e symphonie de Mozart réarrangée ( Mozart Bash!), un tribute des Caraïbes à Sonny Rollins ( Marie-Clémence), un clin d’oeil du bout de la clarinette à Fela ( Be Kuti) et une dédicace à Pharoah Sanders ( Calm Before the Storm).

Omicil volontaire

Omicil aime saluer ses aînés et embrasser son époque. Maître de cérémonie au festival de jazz de Montreux pour célébrer les 85 ans de Quincy Jones, il a tourné avec le batteur Tony Allen en hommage à Art Blakey et a récemment collaboré avec les excités sud-africains de BCUC. Hymne à l’amour, autoportrait en mouvement, Love Matters! tient en haleine. Si Duérmete Mi Niño est la relecture d’une berceuse qui a inspiré l’hymne national vénézuélien, l’instrumental Wè Wè Wè Wè fait revivre une chanson martiniquaise des années 30 parlant des émigrants qui envoyaient leur argent au pays. Une manière de souligner que pas grand-chose n’a changé depuis…

Jowee Omicil

« Love Matters! »

Distribué par Jazz Village/Pias.

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