Okuribi

C’est auréolé du prestigieux prix Akutagawa, récompensant des nouvelles et romans courts d’auteurs débutants, que nous arrive Okuribi (« renvoyer les morts »), premier ouvrage traduit en français du Japonais Hiroki Takahashi. L’histoire se déroule sur les quelques mois s’étirant du début du printemps à la Fête des morts de la mi-août, et a pour cadre une petite ville de province, Hirakawa, où débarque Ayumu, quinze ans, déménageant avec ses parents au gré des mutations de son père. Et d’intégrer le collège municipal numéro 3, appelé à fermer, et désormais fréquenté par quelques poignées d’élèves. Ils ne sont ainsi que treize inscrits en troisième, dont l’énigmatique Akira imposant sa loi, et ayant fait de Minoru son souffre-douleur attitré, l’objet d’un harcèlement incessant et cruel. Un manège qu’observe Ayumu avec un sentiment de malaise croissant, trop occupé toutefois à se fondre dans le décor pour se risquer à intervenir… Okuribi est un roman étrange, nimbant la violence qui l’habite d’une apparente douceur. Non sans rapporter, avec une touche de lyrisme, les impressions de son personnage principal à une nature environnante qui semble devoir l’absorber aussi sûrement que « le vent couleur passereau » soufflant depuis la montagne de la Forêt-Noire. Le lecteur est lui aussi happé par ce récit au trait épuré se chargeant de tension à mesure que les jeux adolescents présumés sans conséquences glissent en terrain toujours plus trouble. Un crescendo auquel Takahashi, convoquant d’ancestrales traditions, confère un parfum fantastique subtil.

De Hiroki Takahashi, éditions Belfond, traduit du japonais par Miyako Slocombe, 128 pages.

7

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content