Oiseau de nuit

Ingrid -dite Iggy- a quatorze ans et se pose des questions sur sa sexualité. En jeune fille bien dans son époque, elle cherche des réponses sur le Net en consultant des sites… porno gay. La vision de membres turgescents manipulés vigoureusement, mais également d’une couille dépassant du slip kangourou de son beau-père éveille des sentiments contradictoires dans le chef de la gamine. Elle ne s’adresse plus à sa mère que par monosyllabes, quand elle n’est pas enfermée dans sa chambre. Sa rencontre avec le photographe de l’école devient soudainement un événement super excitant qui va lui permettre, espère-t-elle, de s’ouvrir au monde. Hanna Gustavsson décrit ici de manière magistrale la difficile période de l’adolescence. Iggy et sa mère nous apparaissent à la fois insupportables et très touchantes dans leur manière de tout envoyer péter pour l’une et de tenter de garder le lien pour l’autre. Le dessin faussement maladroit, avec perspectives biaisées et têtes hypertrophiées, parvient, grâce à un sens du détail qui tue, à restituer l’ambiance d’une situation où plane un certain malaise. Les dialogues particulièrement bien calibrés parachèvent le tableau. Oiseau de nuit réussit à saisir tout le mal-être qui anime des personnages englués dans leur petite vie, quel que soit leur âge.

De Hanna Gustavsson, éditions Cambourakis, 192 pages.

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