JOSHUA NUERNBERGER N’A PAS GRANDI AVEC LA GÉNÉRATION LUCAS ARTS. GEMINI RUE RÉUSSIT POURTANT LES POINT & CLICK D’ÉPOQUE. UN POLAR PASSIONNANT DE SF NOIRE.

GEMINI RUE

ÉDITÉ PAR WADJET EYE GAMES ET DÉVELOPPÉ PAR THEJBURGER, ÂGE: NC, DISPONIBLE SUR PC, IPAD ET IPHONE.

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On avait laissé Joshua Nuernberger stupéfait sur le show floor de l’Independant Game Festival. Trois ans après avoir raflé le prix du Meilleur projet étudiant à San Francisco, Boryokudan Rue délaisse son état de point & click embryonnaire grâce à Wadjet Eye Games. Ce financement a poussé le kid doué à changer le nom de son projet en Gemini Rue. Mais son approche hyper narrative entre film noir et science-fiction demeure intacte. Désormais coiffé de dialogues doublés et disponible sur iOS depuis peu, le jeu ranime l’esprit des jeux d’aventure old school. Delphine Software, Lucas Arts et Sierra se sont penchés sur le berceau de Joshua.

Dès son générique d’intro, Gemini Rue invoque de fait une réalisation graphique aujourd’hui disparue. Soit un pixel art typé 90’s, méconnu des hipsters adeptes de Space Invader. Tapissée de dégradés tout en gros carrés évoquant une tentative maladroite de photoréalisme appliqué à de la BD, l’aventure brosse deux destinées parallèles appelées à se rejoindre. Côté pile, Delta 6, un prisonnier incarcéré dans un centre de rééducation (spatial!) qui n’a rien à envier à celui de l’Orange Mécanique de Kubrick.

Plusieurs fois effacé, le passé de cet amnésique indomptable remonte progressivement à la surface. « Ne pas réussir le dernier test d’une série d’examens censés mener à la libération. » Certains indices mettent la pression. Jusqu’à créer un lien avec la face B de Gemini Rue. A savoir celle suivant le parcours de Azriel Odin, détective et probablement cousin d’Harrison Ford dans Blade Runner. A la recherche de son frère disparu, le privé en imper enquête ainsi dans une cité extraterrestre, noire et battue par la pluie. Tous les ingrédients du polar répondent à l’appel. Y compris les Boryokudans, mafieux.

Newstalgia

Ballotté au gré d’allers-retours entre ces destinées parallèles, le joueur se retrouve finalement face à un gameplay misant sur la carte de la reconstitution historique pour plus de 30 ans. Certains archaïsmes énervent donc. Passer une simple porte demande ainsi des clics d’icônes superflus. Traversé d’énigmes assez logiques impliquant un inventaire et un PDA vintage sans GPS, Gemini Rue s’entoure de ressorts ludiques classiques tout en marchant parfois hors des clous.

Azriel passe ainsi par des phases de tir évoquant l’esthétique de Flash-Back et Another World. Le contrôle à la souris laisse alors la place au clavier pour se mettre à couvert et à découvert, au moment opportun. Le tout surmonté d’une jauge de précision défilante pour les headshots. La démarche rompt bien le rythme mais souffre d’une redondance, où les commandes qwerty sont inconfortables. Quelques passages exigeant un timing d’horloger demandent en outre de sortir d’une pièce ou de traverser un hall d’hôtel au bon moment. Avec un game over en cas d’échec. Pas de quoi toutefois échauder les amateurs nostalgiques du genre…

MICHI-HIRO TAMAÏ

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