Nues est un travail de plusieurs années: une série de femmes peintes en pied, grandeur nature et, bien sûr, sans vêtements, comme le titre le laisse présager. L’ensemble fut exposé à la Maison des Arts de Schaerbeek en 2018. Le traitement très réaliste des corps et des visages confronte le spectateur qui, pour peu qu’une tierce personne assiste à cette contemplation, est renvoyé à la figure du voyeur. À moins que, à la faveur de l’un de ces renversements dont la peinture s’est fait une spécialité, ce ne soit la toile elle-même qui opère cette transmutation. Quoi qu’il en soit, pas facile de passer du statut d’esthète à celui de « pervers ». De cet exercice galvaudé, la nudité hante les académies, Jacques Richard, peintre et écrivain né à Bruxelles, évite les travers à la faveur d’une sorte de journal, sobrement illustré (la couleur n’est pas de la partie), en forme d’examen de conscience accompagnant la réalisation de ces troublants tableaux. Lui aussi se met à poil en décrivant l’expérience de rencontres placées sous le signe de l’incertitude, du tâtonnement et de l’asymétrie. Courageusement, Richard ne cache rien du malaise, de la difficulté de soutenir le regard. Car nul ne sait jamais pourquoi quiconque peint une anatomie dévoilée, pas plus que l’on ne comprend ce qui pousse à accepter de prendre la pose.

de Jacques Richard, éditions Onlit, 80 pages.

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