Notes on Our Equilibrium – A dialogue with the House of Jean Prouvé II

© © Courtesy photographique CAB/ Brandajs

Exposition collective, CAB, 32-34 rue Borrens, à 1050 Bruxelles. Jusqu’au 24/06.

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La Maison démontable 6×6 (1944) qui occupe le centre du CAB a vu le jour dans un contexte post-apocalyptique. Nulle colère divine, c’était le feu des hommes eux-mêmes qui s’était abattu. Parmi d’autres, Jean Prouvé a dessiné un logement provisoire pour réhabiter le monde. Fin de l’histoire? Loin de là, aujourd’hui encore la mise sous coupe réglée de la nature et sa destruction pure et simple sont au programme d’une société aspirée par la croissance. On connaît la fortune du mot « anthropocène » qui désigne cette période à partir de laquelle les activités ont eu un impact déterminant sur l’écosystème. Notes on Our Equilibrium prouve une nouvelle fois que ce sont les artistes qui ont pris conscience avec le plus d’acuité de la pièce désastreuse qui est en train de se jouer. En dialogue avec la réponse apportée par l’architecte et designer français, treize plasticiens font face à la nouvelle urgence. Dès l’entrée, Bea Fremderman (1988, Moldavie) donne le ton avec une structure en plexiglass transparent. À l’intérieur de cette sorte de terrarium, une végétation prélevée en région bruxelloise. Par une contorsion, le visiteur peut y glisser la tête et expérimenter un étrange dépaysement par le vert. Mordant, cet environnement dystopique ne manque pas de faire grincer les dents: un jour peut-être, ce type d’habitacle, à porter comme un casque, pourrait être la seule solution qui nous restera pour échapper au béton et aux gaz d’échappement. Passée cette solide entrée en matière, l’oeil se confronte à ladite maison de Prouvé. Adrien Tirtiaux (1980, Belgique) s’en est emparé sous la forme d’une imposante dune de sciure de bois ayant colonisé la demeure modulaire. Prouvé au vent dessine un aller-retour entre l’homme et l’environnement, l’industriel et le naturel. On pointe également une bande rigoureusement géométrique de silex. Elle porte la patte de Richard Long, pionnier du Land Art, qui confronte avec talent les formes imprévisibles du monde naturel et les schémas rigides de l’esprit humain. Le reste de l’exposition est à la hauteur de ces oeuvres emblématiques. On ne saurait trop conseiller de les découvrir in situ.

www.cab.be

M.V.

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