Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Le cancer a eu raison de l’ex-manager des Sex Pistols Malcolm McLaren. Paraît que Satan et Saint-Pierre portent déjà la crête et l’épingle à nourrice.

Pop Song Theatre. Le sous-titre d’ Everything’s Political en dit plus que bien des longs discours. Leur nouveau spectacle, leur troisième ensemble, Veronika Mabardi et Sébastien Chollet ont décidé de le construire autour de 12 clips vivants. Pas de ceux qu’on voit à la télé. De ceux qu’on regarde dans un théâtre. En l’occurrence Les Tanneurs. Marqué par le travail de Michel Gondry et Spike Jonze, le tandem a eu l’idée de mettre le destin de 3 femmes en musique. Enfin, en clip.  » Quand on admire leur travail avec un peu de recul, on réalise que ces réalisateurs ont une vision d’auteur. Une vraie plume. Ils racontent l’Amérique moyenne de manière intelligente, amusante et pertinente« , explique Chollet, metteur en scène pour qui la musique a toujours joué un rôle prépondérant. Son tout premier spectacle était basé sur les interviews fleuves des Inrocks à l’époque où le magazine paraissait encore de manière mensuelle.  » J’enlevais tout ce qui parlait de musique et je conservais ce qui racontait le monde« , se souvient-il.

Everything’s Political se veut plus audacieux encore. D’autant que la pop se fait rare au théâtre.  » Trop cliché? Trop arty? On lui préfère la plupart du temps des musiques originales. » Ce sont à des chansons de Radiohead, MGMT et Cat Power que Mabardi et Chollet ont eu recours. Le R’n’B, le rock et le folk devenant la bande originale de nos vies. Celles d’une épouse insatisfaite, d’une maman parfaite et d’une putain respectable.  » Il s’agit d’un spectacle visuel mais pas de danse. On peut le qualifier de Théâtre mouvement. »

Sébastien Chollet se voit déjà poursuivre dans le même registre.  » On peut imaginer développer le principe sur base d’artistes, d’époques, de courants musicaux. J’ai vraiment envie de travailler sur Raymond Scott. L’un des précurseurs de la techno dans les années 50 et 60. Il a composé plein de jingles de pub et de musiques pour cartoons. » l

Everything’s Political, du 20/04 au 01/05, au Théâtre Les Tanneurs (Bruxelles).

Souvent, on ne dit que du bien des morts. Mais s’il était encore de ce monde, le père de tous les punks, et surtout des Sex Pistols, nous pardonnerait probablement notre insolence. Bien sûr, Elvis a eu le Colonel Tom Parker. Led Zep, Peter Grant. Tandis que les Beatles pouvaient compter sur Brian Epstein. Mais l’industrie du rock a beau avoir ses héros, ses beautiful losers et ses hommes de l’ombre, elle a aussi ses méchants. Et Malcolm McLaren en était un. Rusé. Malin. Champion de la provoc, as de la pub, il s’est éteint des suites d’un cancer à l’âge de 64 ans.

Escroc du disque? Commercial de bras cassés? L’Anglais restera à tout jamais dans les livres d’histoire du rock comme le businessman du punk. Un mouvement mort-né qui sans lui n’aurait probablement jamais eu le même retentissement.

Manager, producteur, publicitaire, designer, le bonhomme avait tout pigé avant qu’on le lui explique. Et aussi avant que beaucoup de monde comprenne. Pigé la possibilité de faire parler de soi à travers un code vestimentaire (de l’épingle à nourrice aux pantalons à carreaux). Mais pigé aussi, certaines diront même surtout, l’incroyable pouvoir d’attraction du scandale. Arriviste, cynique, McLaren se délectait des vagues de ses poulains. Il montait d’ailleurs lui-même en épingle certains incidents et polémiques. Laissait parler son goût pour l’outrage. Quand un Pistol, mort saoul, vomit en public en janvier 1977 à l’aéroport d’Heathrow, EMI casse le contrat du groupe. Le disque, déjà presque introuvable, est retiré de la vente et détruit mais les Pistols conservent leurs 40 000 livres d’avance. Et dans ces cas-là, Malcolm jubile. Malcolm devinait toujours sur quel bouton appuyer. Quitte à ce que ses boys ensuite essuient les plâtres.

Escroc fini?

McLaren a vendu des tenues inspirées par les sex shops. Viré un bassiste (Glen Matlock) parce qu’il avait (entre autres) osé affirmer son amour des Beatles. Il a même réussi à faire croire à sa candidature pour la mairie de Londres et à sa participation à une émission de téléréalité.

On ne saura jamais en fait qui il était vraiment. La Grande Escroquerie du Rock, film de Julian Temple renié par les Pistols, le présente à la tête d’une bande d’escrocs parvenant à décrocher le jackpot en vendant le pire groupe du monde. Un scénario qui dévalue les « musiciens » et met en exergue son rôle de manipulateur.  » Voler des choses est une glorieuse occupation, avait-il coutume de dire. En particulier dans le monde de l’art.  » l

Julien Broquet

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