Fellini – Broadway – Rob Marshall adapte un musical de Broadway largement inspiré du 8 1/2 de Fellini. Et orchestre un défilé de stars singulièrement dénué d’âme…

De Rob Marshall. Avec Daniel Day-Lewis, Penélope Cruz, Marion Cotillard. 1 h 58. Sortie: 03/03.

C’est à une entreprise périlleuse que s’attèle Rob Marshall avec Nine, adaptation d’un musical à succès de Broadway et, plus encore, relecture de 8 1/2, chef-d’£uvre absolu de Federico Fellini. A ce dernier, le film emprunte son schéma général (la crise existentielle et créative d’un réalisateur, en proie par ailleurs à un grand tumulte sentimental) et diverses citations littérales. Le tout, assaisonné à la sauce musicale qui a valu à Marshall un succès retentissant avec Chicago. Et relevé encore par un casting de rêve – de Daniel Day-Lewis à Nicole Kidman en passant par Marion Cotillard, Sophia Loren, Judi Dench, Kate Hudson et autre Penélope Cruz.

Soit, en 1965, Guido Contini (Day-Lewis, égal à lui-même donc impeccable), réalisateur traversant une crise d’inspiration aiguë, alors qu’il est à la veille du tournage d’un nouveau film. Et qui, croyant se soustraire ainsi à la pression – jusqu’à sa star qui le harcèle pour avoir un scénario, au demeurant inexistant! -, se réfugie dans un palace, à Anzio. Las! Il y voit bientôt converger producteur, maîtresse, femme, muse, mère, et on en passe, entre souvenirs d’enfance et fantasmes, faisceau d’éléments ne faisant qu’accroître encore sa confusion, alors que l’échéancier se resserre…

Péripéties musicales

Si Fellini inscrivait son propos dans un espace propre, aux confins de la réalité et du fantasme, et réussissait à charrier les émotions les plus profondes et les plus diverses, Marshall se borne, pour sa part, à aligner des péripéties – ce qu’il fait, dans l’absolu, plutôt joliment. L’objet du film apparaît ainsi surtout comme un prétexte à une succession de numéros musicaux, particulièrement soignés, d’ailleurs, et équitablement distribués entre les différentes stars du film.

L’exercice n’est évidemment pas dénué de charme, il n’est pour autant que rarement touché par la grâce – même si Marion Cotillard, exceptionnelle, mais aussi Judi Dench s’en sortent incontestablement avec les honneurs. Trop occupé, sans doute, à façonner un fastueux objet de cinéma, Marshall en oublie l’essentiel: des affres de la création et des tourments de son protagoniste central, il ne propose jamais qu’une vision superficielle, sacrifiant substance et âme sur l’autel d’un clinquant à vocation décorative, mais singulièrement dépourvu de magie.

Jean-François Pluijgers

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