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Bruno Mestdagh, responsable de la collection digitale, va chercher les cinq bobines d’images et les quatre de son de News From Home de Chantal Akerman (tourné à l’été 1976 à NY) dans l’une des deux chambres refroidies à 6° de la rue Gray. Un autre dépôt existe à Ixelles, un troisième à Namur. « Le nombre de films digitalisés est encore faible: de 1 à 2 % des collections. On a choisi News From Home d’Akerman, tourné en 16 mm, parce qu’il y a une demande à l’international: le film, sur support digital, vient d’être projeté au MoMA de New York. »

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L’examen de l’état de la pellicule se fait bien sûr manuellement. « Image par image -et il y en a 24 par seconde…-, il s’agit de réparer les déchirures, les collages usés, de préparer les bobines pour qu’on puisse les scanner et entamer la digitalisation. On n’essaie pas d' »améliorer » le film comme le voudraient parfois certains directeurs photo (…), on ne le change pas, on essaie juste d’obtenir quelque chose de similaire à l’original. »

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L’étape du scannage passe par le Spirit DataCiné, machine (onéreuse) de fabrication allemande qui transfère les copies 16 et 35 mm en images digitales. « La machine scanne le film, plan par plan, regarde les niveaux de couleurs. A chaque étape, nous utilisons des softwares différents dont le coût peut grimper à 10 000, voire 20 000 euros. Le son est copié à part et, comme il est en général moins abîmé, il ne subit pas de véritable restauration. »

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La restauration proprement dite consiste à enlever les griffes, stabiliser l’image, réparer les déchirures, retoucher les fissures. « On rend quasiment la déchirure invisible, via une sorte de Photoshop sophistiqué. C’est l’étape la plus longue, elle peut durer plusieurs mois et les techniciens se relaient régulièrement devant le film parce qu’il est difficile de tenir huit heures par jour sans se fatiguer les yeux, et donc risquer de laisser passer des choses. »

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L’étalonnage de News From Home « a consisté à densifier les noirs, il y avait beaucoup de grain dû à l’utilisation nocturne du 16 mm. Le film comporte aussi des scènes de métro, où la lumière tapait trop dans le rouge ou le vert. Il a fallu équilibrer ces couleurs-là. » Sur l’écran, New York ressemble à un mélange de désert urbain des Tartares et de fourmilière repue.

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« Le « produit final » est numérique: le DCP (Digital Cinema Package) est un fichier qui peut se mettre sur un disque dur et qui va faire entre 100 et 200 gigabytes. On fait également un master digital, l’équivalent d’un négatif film, qui peut peser jusqu’à 2 terabytes. On ne peut pas le projeter comme tel, ce serait trop lourd, donc les copies destinées au cinéma, par exemple, sont compressées. On stocke tout cela sur un serveur, mais le nôtre n’est pas encore assez puissant, donc on utilise des cassettes datas, LTO, qui ont une vie de cinq-six ans. Après, il faut les recopier… »

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