« 3D Routine »

Ils ont le cul entre deux chaises. Entre le rock faussement je-m’en-foutiste de slacker américain et le teigneux post-punk britannique. Qu’à cela ne tienne, les quatre de Mush sont du genre à botter les fesses plus qu’à utiliser les leurs pour cirer le banc de touche. Originaire de Leeds, Mush s’est fait connaître l’an dernier de l’autre côté de la Manche avec un EP qui chantait un ex-agent secret russe mort par empoisonnement ( Litvinenko) et s’est ouvert les portes de BBC 6 avec un morceau de neuf minutes qui parlait à Marc Riley et baignait dans l’air incrédule du temps ( Alternative Facts). Né autour d’une affection mutuelle pour les guitares bancales et le back catalogue de Pavement, le groupe sonne comme une version fish and chips de Parquet Courts. Il y a le sens de la mélodie imparable, la voix nonchalante de Dan Hyndman, l’écho au punk new-yorkais des années 70 (lignée Johnny Thunders, Jonathan Richman, Richard Hell). Puis aussi une intelligence et un engagement qui font plaisir à entendre. Produit par Andy Savours (My Bloody Valentine, Black Country New Road…), 3D Routine documente la vie britannique au temps du Brexit, dénonce les abus de pouvoir du parti conservateur ( Coronation Chicken) et célèbre des gugusses, enseignants et employés de bureau, qui approchent de la trentaine mais ont conservé leurs velléités contestataires. Fils de travaillistes qui a étudié l’économie et la politique, admirateur de Burroughs, DeLillo et Houellebecq, Hyndman aime évoquer le sentiment d’insatisfaction et d’emprisonnement dans une société capitaliste mais avec des grattes anguleuses et le sens de l’humour.

Distribué par Memphis Industries/V2. Le 10/04 au Grand Mix (Tourcoing).

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