Un coup de BIFFF et c’est reparti pour le carrousel aux frissons! Le meilleur du fantastique et de la SF débarque à Bruxelles, comme il le fait depuis déjà 28 ans.

Texte Louis Danvers

Texte Louis DanversSur la carte mondiale du fantastique et de la science-fiction, le Brussels International Fantastic Film Festival occupe une place particulière. Par la qualité de son organisation, son atmosphère unique, son alliage de cinéphilie fervente et de convivialité qui lui a toujours valu un grand succès populaire. Les générations qui se succèdent (avec un remarquable taux de renouvellement) depuis presque 30 ans ne s’y trompent pas. Et les 60 000 visiteurs annuels du BIFFF font plus qu’apprécier l’ambiance. Ils y participent, et pas qu’un peu!

Dans le vaste décor adéquat de Tour & Taxis, la manifestation entend bien poursuivre dans la même voie d’une passion partagée, en dépit des limites budgétaires amenées par la crise. Pour ce faire, les Bozzo (frère et s£ur) et les Delmote (frère et… frère) ont une fois de plus réuni une alléchante sélection de films venus du monde entier, et même de Belgique comme Vampires de Vincent Lannoo ou Glenn 3948 de Marc Goldstein (ce dernier en compétition pour le Méliès d’Argent du meilleur film européen). Des valeurs sûres seront au rendez-vous, comme George A. Romero, Neil Jordan ou Dario Argento, lequel nous offrira un Giallo renouant avec le genre du polar horrifique dont il fut le maître, avec en tête de générique Adrien Brody et Emmanuelle Seigner. Mais on verra aussi déferler le talent neuf, venu d’Asie notamment. La Corée, le Japon, la Thaïlande, sont des terres de fantastique où la production révèle régulièrement des réalisateurs à suivre, des artistes volontiers transgressifs comme les aiment les animateurs du BIFFF.

Reflets de la crise

Ceux-ci ne font pas mystère de leur sentiment que le bon cinéma fantastique et de science-fiction est celui qui se fait  » symptomatique de l’état du monde« . Ils exaltent ces films  » qui révèlent des crises, anticipent des dérives (politiques, philosophiques) ou servent de catharsis pour répondre à une déprime et une frustration généralisées. » A travers les visions qu’il offre du futur de nos sociétés, le cinéma de SF n’a jamais, il est vrai, raté l’occasion de porter un regard critique sur leur état contemporain. Comme le faisait remarquer Terry Gilliam, à propos de son génial Brazil mais aussi de la tradition entamée par le roman 1984 d’Orwell,  » le futur n’est jamais que la face cachée d’aujourd’hui, the other side of now…  » Le fantastique n’a pas non plus manqué, depuis des décennies, de se faire le relai ou l’exutoire des angoisses du moment. Ce n’est pas par hasard que les grands classiques monstrueux de la compagnie Universal ( Frankenstein, Dracula, The Wolf Man, The Invisible Man) virent le jour dans le sillage immédiat de la grande crise de 1929. Et c’est aussi au tout début des années 30 que la RKO produisit son chef-d’£uvre, King Kong

L’état de crise (économique mais aussi sociale et morale) où nous nous retrouvons plongés aujourd’hui inspire, nous promettent les organisateurs du BIFFF, plusieurs films marquants de leur sélection. Ils épinglent notamment la manière dont les films scandinaves stigmatisent le racisme et le repli identitaire, celle dont les films venus de l’est européen reflètent des souffrances bien réelles, et le choix de plusieurs films asiatiques d’illustrer des versions extrêmes de la lutte entre classes sociales antagonistes. Il sera très intéressant de respirer ces tendances, sans oublier bien sûr de ne pas verser dans un esprit de sérieux qui n’aurait pas sa place au festival. Qu’on aime ou pas (et nous aimons, pour notre part, bien sûr), un esprit de fête et donc de (ré)jouissance habitera une fois encore les lieux hantés par le BIFFF!

28e BIFFF, du 8 au 20/04, à Tour & Taxis, Bruxelles.

http://www.bifff.net/

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