Mites et légendes

© MM, BERGRIN

 » Nous n’avons jamais été du genre à nous photographier en maillot de bain sur fond de plages et de cocotiers« , confesse Mothmeister. Marrant, l’idée ne nous a pas traversé l’esprit une seconde devant ces compositions que l’on dirait sorties tout droit du cauchemar d’un organisme malade. On pense à Wilder Mann de Charles Fréger dans une version suffocante et sous acide. C’est également Die Antwoord que l’esprit convoque:  » I fink u freeky and I like you a lot. » Car oui, c’est bien une effroyable beauté qui caractérise les avatars de Mothmeister. Mothmeister? Ce projet anversois bicéphale s’est d’abord fait connaître sur Instagram auprès d’un petit groupe d’inconditionnels, une « niche ». Sur le réseau social dédié à l’image, ce sont désormais plus de 155 000 followers qui sont suspendus à la moindre de leur publication. Leur univers tordu se contorsionne quelque part entre le goût des clichés mortuaires de l’ère victorienne façon « memento mori » et l’obsession pour la taxidermie. Si l’on en croit les intéressés, Mothmeister est une créature polymorphe, passant avec beaucoup de facilité d’un personnage à l’autre.  » Avec lui, c’est comme un ventriloque, c’est le ventre qui parle plutôt que la tête« , explique l’un des frères -mais peut-être s’agit-il de soeurs…- siamois. Le tout en mode 100 % DIY. Pour réaliser ses percutants clichés, le « Maître de la mite » n’hésite pas à aller au bout du monde -Nouvelle-Zélande, Namibie…- mais est tout à fait capable de dénicher des campagnes hallucinées à proximité. Les shootings s’effectuent de manière « organique » et « autonome », le tandem trimballe son attirail -des masques, des vêtements, des animaux empaillés… glanés pour la plupart sur des marchés aux puces- pendant des heures sous un soleil brûlant ou dans un froid de canard (forcément embaumé). Côté interactions, la cellule collabore avec certains artistes séduits par leurs réalisations ou en contacte d’autres pour des prêts d’oeuvres ou d’accessoires qu’ils jugent essentiels aux mises en scène. Aujourd’hui, Mothmeister sort de son cocon et s’expose à la lumière à la faveur d’un ouvrage de deux kilos en forme d’anthologie du « beau bizarre » qui ne pouvait surgir que d’un imaginaire flamand vrillé par les créatures de Jérôme Bosch.

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© MM

Mothmeister, Weird and wonderful post-mortem fairy tales, Lannoo, 272 pages. www.mothmeister.etsy.com

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