Mirano dans le rétro

L'histoire du Mirano bruxellois, objet d'une websérie.

Pendant longtemps, il fut un phare des nuits bruxelloises. Aujourd’hui, il ressemble davantage à un bateau-fantôme à la dérive. Convalescent depuis plusieurs années, n’étant plus que l’ombre de lui-même, le Mirano a fermé ses portes en juin dernier. Depuis? Plus rien. Enfin, pas tout à fait. Sur la page Facebook de l’endroit, une websérie vient en effet d’être lancée. Produite par le nouveau propriétaire de l’endroit, Jérôme Blanchart (également derrière le Spirito, du côté de la Porte de Namur), elle est découpée en quatre épisodes de sept minutes chacun. Les deux premiers ont déjà été diffusés. Où il est question évidemment des piliers qui ont lancé le club au début des années 80: Paul Sterck, Jean-Pierre Mels ou encore Aldo Gigli, qui, de retour d’un voyage à New York, rêva d’ouvrir l’équivalent du Studio 54 à Bruxelles. Ils jetteront leur dévolu sur l’ancien cinéma de la chaussée de Louvain, et en feront l’un des must branchés des nuits de la capitale, équivalent du Palace parisien, où débarqueront toutes les stars de passage, de Belmondo à Grace Jones. À l’époque, Jean-Claude Maury était le DJ de l’endroit, et n’hésitait pas à mélanger les genres. « C’était quelqu’un qui bouleversait les codes, il allait chercher des choses complètement différentes. » C’est Carl De Moncharline qui parle, principal protagoniste du deuxième épisode de la saga Mirano. Grand agitateur nocturne (il est passé par le Fuse, a monté le légendaire Who’s Who’s), on lui doit notamment la fameuse piste tournante. Il introduira également plusieurs concepts de soirées à succès, et prolongera les extravagances de la boîte de Saint-Josse (le Goldorak géant, c’est lui).

Mirano dans le rétro

La websérie du Mirano arrive au moment où le Fuse a également droit à son documentaire: un signe supplémentaire que la rétromania touche également le clubbing et la musique électronique ( lire ci-contre). « Même si vous n’avez pas l’impression d’avoir vieilli, il faut bien constater que 30 ans ont passé », rigole Carl De Moncharline. Et que les choses ont énormément changé? Pas du genre à rabâcher le passé – « on m’a proposé plusieurs fois de reprendre les rênes, mais quelle angoisse! »-, celui qui ouvrira bientôt son propre club de jazz (L’impérial) avoue: « Il reste évidemment toujours des clubs. Mais j’y retrouve moins d’engagement. Philosophique, spirituel ou intellectuel. » Question d’époque: « Notre génération était tributaire des contenus que l’on voulait bien lui laisser voir ou écouter. Il n’y avait pas 10 000 chaînes de télé, par exemple. Aujourd’hui, les jeunes vont chercher eux-mêmes leurs contenus, ne sont plus tributaires des émetteurs « institutionnalisés », ils peuvent même complètement s’en passer. » Cela, combiné à d’autres facteurs. « Les combats sur la nouveauté n’ont plus tellement cours. Plus trop sur le plan musical en tout cas. Avant, un nouveau genre naissait tous les deux mois. Aujourd’hui, c’est une nouvelle application pour votre smartphone (rires). » Désormais, on pourra y revoir le récit de l’un des clubs les plus importants du Royaume…

Mirano dans le rétro

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