Miguel

« War & Leisure »

Album après album, Miguel a réussi un exercice qui était au départ loin d’être gagné. Sans pouvoir être associé tout à fait à la catégorie des grands « rénovateurs » du r’n’b -de Frank Ocean à FKA Twigs-, il a réussi malgré tout à imposer une vraie personnalité. Où il n’est jamais question de refuser le crooning, mais sans que celui-ci ne vire, comme trop souvent dans cette catégorie, dans le mielleux et le sirupeux. Il y a deux ans, Wildheart s’aventurait ainsi à prendre des détours plus psychédéliques. Pour son nouvel essai, le quatrième, Miguel revient à des ambitions plus cadrées, mais pas moins intéressantes. Le chanteur a en effet le don de soigner chacune de ses productions, architectures pop léchées et truffées d’idées, qui relancent sans cesse l’intérêt. Cela ne tient pas forcément à grand-chose: le grain parano de City of Angels, fracassé par un beat solitaire; le roulement funk légèrement déviant de Caramelo Duro; la ballade fumeuse de Come Through and Chill, empruntant son groove à J Dilla.

Sur ce dernier morceau, le rappeur J Cole glisse une référence plus politique à l’actualité (Rick Ross fait de même sur Criminal, en ouverture). Avec ses images de bombardements et de manifestations anti-Trump, la vidéo de Told You So a pu également faire croire que la musique de Miguel prenait un tour plus « engagé ». À l’image du morceau en question, la plus grande influence de Miguel reste cependant bien Prince (« Can we look up, baby/There’s pineapple purple skies », glisse-t-il sur Pineapple Skies), et son sujet de prédilection le sexe. On a eu chaud…

Distribué par Sony.

8

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